Sciences humaines et arts, connaissance propre à l'action, connaissance théorique, condition de l'action, auxiliaire de l'action, essentielle à l'action
« Agir en connaissance de cause » est une expression souvent employée pour montrer que nos actes sont réfléchis, qu'il y a un savoir, une connaissance qui nous permet d'agir selon nos intentions premières. D'une façon générale, on parle de connaissance comme synonyme d'un savoir. En elle-même, la connaissance est une activité théorique et désintéressée, au sens où elle vise la connaissance pour la connaissance. Par conséquent, elle satisfait un pur désir de savoir, sans souci de son utilité pratique. Néanmoins, depuis la pensée cartésienne et la révolution industrielle, la connaissance s'est liée à l'action par de nombreuses articulations. Celle-ci désigne aujourd'hui pour le commun des mortels la faculté d'agir en modifiant un objet, c'est-à-dire la capacité de déployer une énergie en vue d'une fin productrice. Pour autant, l'action n'a pas toujours été considérée comme une activité de production. Si l'on s'en réfère à la pensée aristotélique, une distinction est faite entre l'action comme production, la poiesis, et l'action immanente, la praxis qui a sa fin en elle-même. Et de même, la connaissance est différente de l'agir puisque définit par Aristote comme vie contemplative ou theoria, c'est-à-dire comme savoir purement théorique, séparé du réel. De cette façon, on pourrait s'attacher à l'opinion de la doxa qui convient d'une connaissance propre à l'action au sens où le savoir sert la production, sert la technique
[...] Ce sont les conditions sine qua non de la réalisation d'une action bonne en soi à la manière du phronimos. L'action, comme action morale, découle d'une correspondance entre moyen bon et fin bonne, c'est-à-dire de l'intellect pratique. En effet l'intellect pratique a pour tâche de trouver le moyen permettant d'accomplir le désir correct dirigé sur le chemin du bien en soi par la raison. L'intellect pratique est donc en interaction avec le déroulement même de l'action, ce qui le différencie largement de l'intellect théorique qui n'est uniquement dirigé vers la connaissance en soi. [...]
[...] Pour lui, il n'y aurait simplement pas d'action sans expérience. Pour lui, l'expérience est le fondement de notre induction et non couplé à la connaissance théorique, l'action n'aura de cesse de présenter un probable échec. Néanmoins, Hume le reconnait lui-même, l'expérience peut être source d'erreurs. Elle doit, comme le jugement, s'affiner avec le temps et en ce sens un novice aura tendance à se tromper. Ainsi l'homme d'une grande expérience est celui qui prend le temps, le recul et le discernement nécessaires pour permettre à son esprit de bien raisonner. [...]
[...] De ce que nous avons pu en voir, la théorie s'oppose clairement à l'action et ne semble en aucun cas proposer une connaissance propre à l'action. Néanmoins, il ne serait pas juste de s'en tenir à un avis tranché de la sorte. Les deux concepts étudiés comportent de nombreuses articulations et nous devons désormais porter notre regard sur une cohésion propre à la connaissance et l'action plutôt que sur une simple opposition. Effectivement nous avons remarqué un peu plus tôt que la connaissance théorique, appliquée rigoureusement, pose véritablement problème. [...]
[...] Mais encore, nous pourrions adopter un point de vue bien plus tranché quant à la connaissance théorique et le rôle qu'elle embrasse dans le processus d'action. En effet la connaissance peut parfois aller à l'encontre de toutes actions. Ce que Descartes explicite avec son choix du chemin dans une forêt c'est que ou bien nous sommes ignorant et on ne peut rien faire d'intelligent comme lors d'une bataille, ou bien nous savons et alors nous faisons face à une situation absolument nécessaire. Koutouzov dans Guerre et paix de Tolstoï comprend qu'aller au combat face à Napoléon conduirait l'armée russe à une déroute inéluctable. [...]
[...] Par là, Hume affirme que l'expérience ou la connaissance particulière permet d'orienter nos actions de façon sagace voire prudente. Effectivement, la sagacité d'un homme est synonyme d'un raisonnement bon et non défaillant. Pour autant, pour qu'une action soit bonne en soi, le sujet doit reconnaitre la spécificité de la situation et créer ou ajuster une règle de façon autonome. Cela est d'ailleurs compliqué puisque le moteur premier de l'action est reconnue comme le désir, et un désir mal dirigé par un homme intempérant est synonyme d'une action compromise ou mal dirigée. [...]
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