La question part d'un constat : Le temps dit-on, et les faits le confirment, travaille pour nous. Ce qui dure, autrement dit ce qui résiste aux épreuves du temps (destruction, oubli, changements) acquiert une valeur matérielle, un prix, mais se trouve être aussi l'objet d'une appréciation positive, en d'autres termes recueille la confiance, l'estime. On prise et on respecte ce qui est marqué du sceau des ans. En vieillissant, le vin se bonifie, les objets du passé sont objets de valeur (antiquités, vieilles pierres, vestiges…), on continue de respecter les traditions, les écrits et les personnes à qui l'âge est sensé conférer autorité et sagesse.
Mais si ce qui dure peut avoir, et dans les faits, et en droit, de la valeur, faut-il en conclure que l'épreuve du temps, à elle seule, est un critère de valeur ? Ne peut-on juger avec sévérité des « choses » qui durent, et à l'inverse découvrir du sens dans ce qui n'est qu'éphémère ?
Pour examiner le bien fondé du jugement qui lie sans réserve la valeur à la durée, nous réfléchirons sur les raisons objectives et subjectives qui peuvent expliquer ou justifier ce jugement, et nous chercherons s'il n'y a pas dans la notion de valeur quelque chose qui ne relève pas de la durée, voire même qui s'y oppose.
[...] Ce qui dure, ici, garde, conserve le passé jusque dans le présent. C'est, à travers les témoignages, les archives, les commémorations, les rites, la recherche d'une continuité, mais aussi d'un enracinement (nostalgie des origines et par là à la fois d'un enrichissement et d'une lutte contre les bouleversements de l'histoire, les hasards, le goût de la nouveauté etc cf. Convervatisme politique. Retrouve-t-on, comme plus haut, les thèmes de la lutte contre l'inconnu, contre les désordres du présent, contre les risques de la nouveauté. [...]
[...] Exemples La valeur comme appréciation quantitative portant sur l'objet en tant qu'il est susceptible d'être échangé ou désiré : valeur financière reconnue aux objets anciens (objets d'art, mais aussi d'usage domestique, meubles, bijoux L'objet de collection est prisé pour son ancienneté qui va souvent de pair avec sa rareté, valeurs immobilières aussi, stables, sûres (valeurs tranquilles de la terre), capital que le temps fait fructifier, comme les livrets d'Epargne, avancement à l'ancienneté, d'une façon générale ce qui, avec le temps, produit du gain et met à l'abri des incertitudes de l'avenir. La durée, ici, accumule, thésaurise, conserve et préserve. Ce qui est subjectivement apprécié, c'est le caractère rassurant, protecteur. [...]
[...] Le rôle des anciens dans les guerres, qui exhortent, incitent, envoient à la guerre). Ce qui donne aux paroles raison et vérité n'a rien à voir avec l'âge. Ce qui dure, qui se répète, ce sont aussi les habitudes, les préjugés, les erreurs cf. les croyances vieilles comme le monde les superstitions, mais aussi les rumeurs. L'esprit humain, dit Bachelard, arrive toujours trop vieux à la science, vieux de son ignorance, de ses préjugés Il n'y a pas de vérité première, il n'y a que des erreurs premières ajoute-t-il. [...]
[...] Point de vérité unique, définitive, universelle, valable pour toujours dogmatisme des pensées de la raison, de la vérité, de l'absolu), mais des vérités relatives, transitoires, provisoires, qui sont autant de stratégies de savoir et de pouvoir, adéquates à un secteur de la réalité, et pour un temps donné. Ici encore la durée, autrement dit la permanence ou persistance d'une vérité conçue comme modèle, est inefficace, voire dangereuse. Ce qui dure, c'est aussi ce qui peut engendrer l'usure, la monotonie. Ce qui ne dure pas peut avoir de la valeur. Bien qu'elles ne durent pas, ou précisément parce qu'elles ne durent pas ? [...]
[...] Si une chose qui dure a de la valeur (une idée, un sentiment, une coutume) ce n'est pas en tant qu'elle dure, mais par se qualités propres. La durée ne fonde pas la valeur mais peut s'y ajouter. Ce n'est pas parce qu'une chose dure qu'elle a de la valeur, mais plutôt parce qu'elle a de la valeur qu'elle peut durer. Bibliographie Platon, Parménide Corneille, Le Cid Descartes, Les méditations métaphysiques, Première méditation Heidegger, Etre et temps Husserl, Méditations cartésiennes Gérard Durozoi, Philosophie, Hatier éd ; p. [...]
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