Laïcité, respect du religieux, religion, liberté d'opinion, croyance, République française
Si la mort de Dieu, annoncée par Nietzsche dès le XIXème siècle, semblait inéluctable au XXème siècle, elle apparaît désormais prématurée.
En France en effet, le principe de laïcité s'est imposé dès la Révolution française, consacré pour la première fois par la Constitution de l'An III puis précisé par les lois Ferry sur l'école de 1882. Le cadre juridique actuel est posé par la loi Combes de 1905, qui a instauré la séparation des Eglises et de l'Etat. Le principe de laïcité a été inscrit dans le préambule de la Constitution de 1958. Le XXème siècle impulse ainsi un processus de sécularisation, et correspond à un déclin marqué du religieux qui rejoint la sphère privée, une diminution forte de l'autorité morale des chefs religieux sur les populations.
[...] Le XXIème siècle bouleverse en effet l'idée de religion. Celui-ci a tendance à suivre la mondialisation et les flux d'immigration, et chaque courant religieux s'implante progressivement dans les différents continents, sans être encore spécifiquement rattaché à l'un d'entre eux ou à une civilisation donnée. Le christianisme s'exporte ainsi vers l'Asie et l'Afrique, et l'islam et le bouddhisme imprègnent les sociétés occidentales, faisant émerger des religions multiculturelles. En outre, des formes extrêmes tendent à se développer et cet intégrisme s'accompagne souvent d'une volonté de mainmise sur le politique par le religieux, ainsi que l'illustrent le cas des pays musulmans, comme la Turquie, l'Egypte ou encore la Tunisie, où la menace de l'instauration du droit de la Charia plane. [...]
[...] La religion semble donc opérer une évolution profonde et non un véritable retour ; au XXème siècle, celle-ci n'avait en effet pas disparu, mais était cantonnée plus largement au domaine privé. Si au XXIème siècle la religion effectue bien un retour dans la sphère publique, se fait de plus en plus visible à mesure qu'elle se lie à des revendications d'ordre identitaires, le phénomène est plus complexe. L'effacement de la religion au siècle précédent au profit de la sphère privée, parallèle au mouvement de sécularisation des Etats développés, et de laïcisation de ceux-ci ne correspond pas à un recul général effectif. [...]
[...] Elle est vue comme étouffant les révoltes potentielles, dans la mesure où elle promet que les difficultés seront compensées. Freud a également critiqué la sphère religieuse pour son aspect de protection illusoire, plaçant le croyant sous la domination d'un Père idéal, allant jusqu'à comparer la religion à une névrose. Tous deux opposent donc la religion à la modernité et insistent sur l'importance de la dissociation stricte entre religion et sphère publique. Cette analyse de la religion vue comme une compensation aux difficultés sociales semble toujours d'actualité, à l'heure de la crise civilisationnelle profonde que traverse l'Europe. [...]
[...] La société française, fondée sur le principe de laïcité, cherche à renforcer celui-ci afin de limiter ce retour extrême du religieux. Les enjeux autour de la notion de laïcité ne sont donc plus les mêmes ; il s'agit plutôt au XXIème siècle de prendre en compte la diversité religieuse au sein de la société et de la reconnaître, en garantissant un droit d'expression tout en préservant la sphère publique de l'influence religieuse. Ces dernières années, le principe de laïcité a été mis en œuvre concrètement de façon très ferme en réponse surtout à la progression des réactions religieuses identitaires, ce qui a donné lieu à des contestations. [...]
[...] Le XXIème siècle ne correspond donc pas tant à un retour du religieux qu'à une mutation de celui-ci vers de nouvelles formes, dont un retour dans la sphère publique, qui ne s'opposent pas toutes à la modernité mais parfois visent justement à s'y adapter. L'équilibre entre laïcité et respect du religieux doit donc sans cesse être réinterrogé, les Etats devant veiller à préserver leur domaine de toute influence religieuse, qui conduisent forcément à des restrictions des libertés, comme le montrent les pays musulmans. [...]
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