L'expression « les Lumières », Aufklärung en allemand, Enlightment en anglais, désigne une période qui se confond avec le XVIIIème siècle et un vaste mouvement européen de transformation profonde des mentalités, des mœurs, des croyances et des valeurs, débouchant sur une véritable mutation de la conception du monde et sur un événement politique d'une portée immense : la Révolution Française.
[...] Il s'exerce à l'occasion des récits de voyages, de recherches sur les textes bibliques, de réflexions sur la morale, la métaphysique et la religion. Les philosophes appliquent leur esprit critique aux religions, en montrent les contradictions, et se font les champions de la tolérance. Ils dénoncent aussi l'inutilité des ordres monastiques. Certains, comme Diderot, sont des athées. Mais la plupart admettent l'idée d'un Dieu qui a créé le monde et l'a doté de lois éternelles. Pour rendre hommage à cet Etre suprême rites et pratiques sont inutiles : il faut s'en tenir à quelques croyances simples, faciles à comprendre par tous. [...]
[...] Mais Diderot, chargé de la direction de l'entreprise, concevait un plus vaste dessein : il voulait faire de l'Encyclopédie un grand ouvrage à la gloire de l'esprit humain se libérant des préjugés dans une perspective à la fois éducative et contestataire. Le sous-titre même de l'œuvre, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, met l ‘accent sur deux points : la pluralité et l'organisation. Il situe l'ouvrage dans la pensée philosophique des Lumières. Le chancelier d'Aguesseau, favorable à l'entreprise scelle le privilège le 21 janvier 1746. Diderot s'assure d'abord de la participation de d'Alembert, déjà célèbre comme mathématicien dans toute l'Europe, puis de celle de Rousseau, Buffon, Voltaire, Montesquieu, Condillac, Helvétius, jusqu'à un total de cent-soixante collaborateurs ! [...]
[...] Au XVIIIème siècle, le français devient la langue commune à toute l'Europe éclairée remplaçant ainsi le latin. En effet, il est reconnu comme le mode d'expression le plus adéquat de la pensée des Lumières et comme le véhicule idéal des échanges intellectuels et diplomatiques. Jamais la France n'a connu un rayonnement plus étendu. Bien qu'elle perde sous Louis XV la suprématie militaire qu'elle ne retrouvera qu'après Bonaparte, elle sert de modèle à l'Europe entière par sa littérature, ses arts, ses modes, son élégance et son esprit. [...]
[...] Mais quel régime choisir ? Certains penchent vers la monarchie constitutionnelle, tel Montesquieu ; d'autres, comme Rousseau, vers une République fondée sur la moralité et les vertus civiques. Toutefois, malgré le rôle essentiel des écrivains du XVIIIème siècle, leur condition matérielle est souvent médiocre. Beaucoup d'entre eux vivent de leur plume, mais le travail intellectuel est mal rétribué. De plus, la censure et les persécutions entravent encore la liberté d'expression, et la hardiesse croissante des ouvrages suscite des répressions sévères. [...]
[...] Ils battent en brèche les anciens systèmes avec hardiesse. Condillac fait dériver de la sensation toute l'activité de l'esprit (le sensualisme). Plus hardi encore, Diderot nie l'existence de l'âme. La morale des philosophes est fondée sur une exigence du bonheur humain ; c'est au XVIIIème siècle que l'abbé de Saint-Pierre crée le mot bienfaisance ; et chacun veut être philanthrope, c'est-à-dire ami des hommes. L'économie et la politique n'échappent pas à l'investigation de la raison. Pour les penseurs des Lumières, la société doit être organisée en fonction du bonheur de chacun. [...]
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