De tout temps, la majorité des individus d'une nation ont formé «le peuple». Pour Hobbes, il est « quelque chose d'UN, ayant une volonté et auquel puisse être attribuée une action », et cette volonté qu'on nomme « volonté générale » est l'expression de vox populi. Certains s'écartent de cette opinion admise par la plupart des individus, qu'on les nomme marginaux ou intellectuels. Toujours est-il qu'un pays sans son peuple n'existe plus. Donc le peuple est nécessaire, et son opinion doit être prise en compte dans tous les domaines. Ainsi, le vieil adage « vox dei, vox populi » énonce le principe suivant lequel on établit la vérité d'un fait, la valeur d'une chose, sur l'opinion du plus grand nombre. Cependant, nombre de contresens, volontaires ou non, sur l'identité politique du régime démocratique, tiennent à l'impossibilité de voir dans le « demos » autre chose qu'une foule, définie par son nombre plutôt que par sa qualité. Or c'est cet « acte par lequel un peuple est un peuple » (Rousseau Du Contrat social », qui fonde le corps politique.
Si de tout temps, l'adhésion du peuple a légitimé les régimes et conditionnait leur survie, de la monarchie à la démocratie, le régime démocratique limite l'exécution ou l'importance de la vox populi, qui ne s'avère d'ailleurs pas toujours être l'opinion ou le jugement idéal
[...] En pareil cas, Le Prince doit s'y plier ou chercher des compromis avec le peuple. S'il fait usage de la coercition, son pouvoir est déjà délégitimé par la population, et après une longue intériorisation les vexations subies par le peuple risquent de surgir en masse, lors d'un mouvement généralisé. C'est une telle explosion qui se produira à la Révolution française. Auparavant, aucune insurrection de si grande envergure n'avait eu lieu, bien que les revendications du peuple n'aient pas toujours été écoutées. La révolte a triomphé de la résignation. [...]
[...] :les fondements populaires du pouvoir politique sont posés. Mais ainsi que Machiavel le souligne dans le Prince la volonté populaire constitue la garantie de la durée d'un régime, le désir du peuple devenant une volonté effective et le prince incarnant la volonté collective qu'il aura su constituer. Les princes sont contraints de prendre un minimum en compte la volonté du peuple car une action du grand nombre peut engendrer une révolte si les hommes se décident à rompent leur servitude volontaire, titre d'un ouvrage de La Boetie. [...]
[...] Enfin, privilégier la vox populi et la volonté générale comme le fait l'Etat, c'est en même temps négliger les intérêts particuliers, qui varient selon l'âge, la classe sociale ou encore le sexe. Bernard Manin analyse le lobbying (particulièrement présent aux Etats-Unis), dans Principes du gouvernement représentatif, qui effectue le mouvement inverse, de la société civile vers l'Etat pour prendre en compte ses multiples intérêts, exprimant la capacité d'initiative et le dynamisme de la société civile face à l'action gouvernementale, ce qui lui vaut d'être dénoncée par l'idéologie française qui ne la comprend pas. [...]
[...] L'opinion publique aujourd'hui est plus encline à s'identifier à la victime qu'à l'arbitre. Or, ce qu'on demande au peuple représenté par les jurés, c'est d'être impartial et objectif, de condamner le coupable, et non pas de s'apitoyer sur le sort des accusés et des victimes, s'érigeant contre le juge. De plus, les sondages d'opinions jouent un rôle prépondérant lors d'une élection ou d'un référendum : les personnes sans opinion vont avoir tendance à adopter le point de vue qui est prévu l'emporter, faussant le véritable jeu démocratique. [...]
[...] Les gouvernements représentatifs n'accordent aucun rôle institutionnel au peuple assemblé (tout comme les Grecs vis-à-vis de l'Ekklesia), pour des raisons matérielles : la taille des unités politiques ne permet pas de réunir tous les citoyens sur une même place (contrairement aux cantons suisses vantés par Rousseau), d'où la nécessité qu'un nombre d'individus inférieur à celui des citoyens exerce la fonction de gouverner. En effet, contrairement à Athènes et Rome dans l'Antiquité, puis aux Républiques florentines et vénitiennes qui pratiquaient le tirage au sort, le peuple élit ses représentants, il les choisit. Pour Harrington, le tirage au sort ne permet pas à l'aristocratie d'arriver au pouvoir : les gouvernants manquent alors de compétence et d'autorité, représentant mal les citoyens. [...]
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