La vie peut sembler être faite d'une succession de bonheurs et de malheurs. Vu comme le fait du hasard, le bonheur pourrait se résumer à rencontrer les personnes qu'il faut à la bonne heure et voir la vie nous donner les occasions d'être heureux. Dire de quelqu'un « qu'il a tout pour être heureux » reviendrait donc à dire qu'il dispose de l'ensemble des moyens utiles à l'obtention du bonheur.
C'est en fait être prêt pour le bonheur, ne pas en être privé et être fait pour être heureux. Néanmoins, lorsque l'on dit de quelqu'un qu'il a tout pour être heureux, on veut dire par cela qu'il lui manque l'essentiel : le bonheur. C'est en cela que réside tout le paradoxe de cette expression. Dire de quelqu'un qu'il a tout pour être heureux suppose que l'on considère que l'homme peut atteindre cet état de bonheur.
Que voulons-nous dire quand nous disons de quelqu'un « qu'il a tout pour être heureux » ?
[...] En définitive, l'homme qui cherche le bonheur sera malheureux alors que celui qui jouit de sa vie, du plaisir sera heureux. Toujours selon Nietzsche, oublier le passé est la condition pour être heureux : il ne faut pas hésiter à prendre ses distances avec l'histoire et la mémoire du passé. Celui qui n'oublie pas le passé ne sera jamais heureux et ne rendra jamais les autres heureux car il ne peut jouir du présent. Enfin, autre critère qui semble être une promesse du bonheur selon Stendhal, l'amour. [...]
[...] Par ailleurs, lorsqu'on dit d'une personne qu'elle a tout pour être heureuse, il s'agit toujours d'un jugement extérieur. En tant que spectateur on ne comprend pas pourquoi la personne n'est pas heureuse avec ce qu'elle a puisqu'à sa place nous le serions. C'est par exemple le cas d'Emma Bovary dans le roman de Flaubert Madame Bovary : au regard de son mari, elle devrait tout avoir pour être heureuse sauf qu'elle éprouve sans cesse des manques. Elle ne parvient à vivre que dans le rêve, dans l'imaginaire, toujours insatisfaite du monde qui s'offre à elle. [...]
[...] En effet, si nous savons qu'aucun de nos désirs ne peut être satisfait dans la réalité alors nous sommes malheureux. Ainsi, être heureux reviendrait à pouvoir satisfaire le moindre de ses désirs selon Kant qui affirme Le bonheur est la satisfaction de toutes nos inclinations Mais, pouvons-nous en rester à cette définition kantienne qui réduit le bonheur à une pleine satisfaction de nos désirs ? En effet, un enfant dont on satisfait tous les caprices n'est pas forcément heureux car il n'a plus de rêves. [...]
[...] Or, cela ne dépend pas de nous mais du hasard de la vie. De plus, nous connaissons des instants ou des moments de bonheur mais nous ne savons pas ou ne pouvons pas toujours les transformer en quelque chose de durable. Tout avoir ne suffit donc pas pour être heureux, les circonstances indépendantes de notre volonté doivent également être réunies pour que nous trouvions le bonheur. En effet, la mort, la maladie, les actions d'autrui sont inéluctables de sorte que tout homme, même le plus modéré et sage, ne peut espérer garder son bonheur. [...]
[...] Que possède-t-on pour être heureux ? Cependant, dans cette expression même on sous-entend que l'autre n'est pas heureux même s'il a tout Quels obstacles pouvons-nous donc rencontrer dans notre quête du bonheur ? Enfin, cette formule reviendrait à déterminer une définition du bonheur selon des critères objectifs mais ces critères suffisent-ils à définir le bonheur ? I. Le bonheur, une addition de critères objectifs Quand on dit d'une personne qu'elle a tout pour être heureuse, on commence par remarquer que l'on définit le bonheur à partir de l'avoir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture