"Vouloir [...] est la chose au monde la plus simple, la plus instantanée et la plus bête" écrit Vladimir Jankélévitch dans Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. Et cette facilité est aisément justifiable : vouloir est naturel à l'Homme, c'est une de ses facultés constitutives qui le différencient des animaux. Vouloir implique donc une certaine supériorité, un pouvoir. Pouvoir de choisir, de réflexion et de décision.
Ainsi, quel est le produit d'un tel pouvoir sur l'Homme ? Cette capacité à décider, soit-disant "simple" selon Jankélévitch, comment agit-elle dans nos consciences ? Vouloir fait-il de l'Homme un être libre ? (...)
[...] On revient donc à l'évidence : Je veux ceci parce que cela. qui restreint la liberté de l'Homme dans sa volonté à un concours de circonstances et soumet l'Homme à prendre sa décision à partit de ce concours. L'Homme dans un choix est donc conditionné : il s'oppose ainsi à la définition gidienne qui entend, pour libre inconditionné Ainsi y a-t-il une grande défaillance dans la liberté de celui qui veut. En effet, l'Homme n'est pas totalement libre dès lors qu'on pose sur lui le problème du non : refus, incapacité, impossibilité, ignorance. [...]
[...] Suivant une simple logique, on peut donc en conclure que l'Homme veut et est libre puisqu'il n'est pas comme les animaux assujetti à quelque instinct et a cette capacité de prendre une décision, de déterminer lui-même sa propre volonté. Plus encore, un Homme qui veut paraît libre, car la décision qu'il prendra sera toujours la sienne, elle sera toujours en son pouvoir. Si je suis contraint de choisir, je ne suis plus libre. Et effet, lorsqu'on veut, ne se donne-t-on pas à soi-même sa propre loi ? Il y a donc là une preuve incontestable de liberté : l'Homme détermine seul sa volonté et celle-ci n'obéit alors seulement qu'à la loi rationnelle qu'elle s'est donnée. [...]
[...] L'Homme est prisonnier du temps, et feint d'ignorer cette impuissance tout au long de son entreprise. En effet, le seul fait d'avoir voulu, n'est-il pas déjà ineffaçable et irrévocable ? questionne Jankélévitch dans Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. Nombre de choses non voulues y a-t-il dans le voulu ! Seulement, nous ne sommes pas libres de dévouloir. Or, l'homme qui voit sa volonté accomplie se considère comme libre : ce qu'il n'a pas voulu, il l'ignore, il use de son pouvoir de faire comme si rien ne s'était passé. [...]
[...] L'acte de vouloir est donc acte d'une affirmation de soi, de l'Homme en tant qu'être libre. Si d'ailleurs on se penche sur l'étymologie même du mot, on s'aperçois qu'en latin voluntarius signifie fait librement, qui agit librement. Vouloir c'est donc n'être contraint d'aucune manière, c'est se laisse guider par nos seules propres lois. Ainsi, si on est tenté de dire que l'Homme est libre dès lors qu'il veut, convient-il cependant de préciser qu'il est libre par sa capacité à vouloir. [...]
[...] Son ignorance l'empêche d'« agir à sa guise d'être donc totalement libre. Ainsi, libre décision du sujet, le vouloir n'en est-il pas moins un acte sans bornes et indépendant. L'Homme s'affranchit certes pas cette capacité mais n'atteint pas pour autant un entendement aussi infini que celui, par exemple, de Dieu. Il est contraint de se soumettre aux lois de l'imprévisible : sa liberté est donc limitée, voire annulée, lorsque le sujet est forcé d'abandonner une décision aux vues de circonstances d'impossibilité. [...]
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