L'Ingénu se termine comme un roman sentimental. Pourtant, le chapitre I qui en constitue l'incipit, est déjà, semble-t-il, très révélateur des visées de Voltaire. L'extrait retenu vient après la rencontre de l'ingénu par l'abbé de Kerkabon et sa soeur. Nous sommes en Basse-Bretagne, le 15 juillet 1689, sous le règne de Louis XIV. C'est au cours d'un dîner donné le soir même au Huron, réunissant toute la petite société du canton, que Voltaire nous offre le premier tableau comme pris sur le vif des moeurs françaises de cette époque en opposition avec les réactions instinctives du jeune homme (...)
[...] Yves, mais il n'en dit rien de plus à ce stade. On sait que le héros est orphelin, sans précision sur ses vrais parents. Des détails sont donnés qui brouillent davantage les pistes qu'ils n'orientent le lecteur vers ce qui va suivre : qui peut bien être ce Huron qui parle aussi bien le Français, qui vient de chez les Anglais, qui admire leur bravoure au combat, et dont le passé reste pour une part mystérieux ? L'important n'est-il pas d'intéresser le lecteur au héros central en l'amusant autour des travers d'une société définie ? [...]
[...] Face à eux, l'Ingénu se distingue par la maîtrise de ses affects, par l'authenticité de ses jugements et de ses réactions : il dit toujours simplement ce qu'il pense et agit en conformité avec ses convictions. Bref, le plus civilisé de tous est le plus jeune, un indien, affirme-t-il, venant de contrées sauvages et rudes. Sa situation d'orphelin n'est pas sans rappeler ce qu'évoquent les récits de voyageurs sur les enfants abandonnés par leurs parents dans les contrées lointaines. Bref, dans ce passage, on se trouve bien dans un salon du XVIIème siècle, avec des personnages typés dont le narrateur se plaît à montrer les préjugés et la vanité. [...]
[...] à : parut très joli à tous les convives (L'INTRODUCTION) On n'apprécie véritablement une œuvre littéraire que dans son intégralité, ce qui vaut pour L'Ingénu, conte philosophique de Voltaire paru en 1767. Il faut aller jusqu'au bout de l'intrigue pour en comprendre toute la portée. L'ingénu se termine comme un roman sentimental. Pourtant, le chapitre I qui en constitue l'incipit, est déjà, semble-t-il, très révélateur des visées de Voltaire. L'extrait retenu vient après la rencontre de l'Ingénu par l'abbé de Kerkabon et sa soeur. [...]
[...] Cela dit, aucun indice ne prépare la seconde partie du roman, elle, autrement dramatique pour ce qui est du destin des héros. Le registre sentimental et ses notes pathétiques ne sont guère annoncés dans le passage étudié, non plus que la fin tragique de l'héroïne. Sans doute est-ce là une des forces du récit de ménager la plus grande surprise qu'offre l'Ingénu dans ses dernières péripéties et dans son dénouement. [...]
[...] III Ce que le récit met en scène avant tout, c'est le dialogue entre les personnages : celui-ci représente environ les deux tiers du passage, si l'on compte aussi les phrases au style indirect. Voltaire se montre ici, comme tant de fois ailleurs (dans ses contes, au théâtre, dans son Dictionnaire . un dialoguiste virtuose. C'est la meilleure voie pour retenir notre intérêt en donnant du relief aux personnages qui s'expriment. La parole est prise avant tout par le Huron en réponse aux questions qu'on lui pose, sa franchise faisant écho à la curiosité superficielle des dîneurs. [...]
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