Suffit-il de voir pour savoir ? Cette question partirait du présupposé selon lequel il est nécessaire de voir pour savoir. Le terme voir renvoie ici à des définitions variées : d'abord, l'on peut l'envisager par rapport au sens de la vue. Il serait synonyme d'expérience sensible, pratique, de perception. Au sens restreint, il ferait intervenir la théorie. Le terme savoir, quant à lui, renverrait à la connaissance scientifique, et plus précisément aux sciences qui supposent une certaine observation, à savoir les sciences de la nature et les sciences expérimentales (physique, biologie, ...), voire certaines sciences humaines.
Le problème ici consiste à déterminer si la vue, plus généralement la perception est une condition suffisante du savoir, c'est-à-dire si pour connaître elle suffit ou si autre chose est nécessaire. Le sujet pose donc la question du rôle et de la fonction de la perception, de l'expérience sensible dans le processus de la connaissance. A première vue, nos sens et particulièrement la vue devrait suffire pour connaître. Mais on pourra voir autant de fois qu'on voudra la chute d'un objet sans pour autant jamais pouvoir expliquer la loi qui régit son mouvement, et donc pouvoir prétendre connaître le phénomène étudié. Sans compter que parfois nos sens nous trompent. Que nécessite le savoir pour advenir ? Cela amène à s'interroger sur les relations entre expérience pratique et théorie dans le processus de la connaissance.
Après avoir soutenu qu'il suffit de voir pour savoir, la question exige ainsi que l'on mette en cause le caractère immédiat de la perception dans l'élaboration et la constitution d'une véritable connaissance. Il s'agit de remettre en doute l'idée que la vue, la perception immédiate, puisse prétendre au titre de connaissance, celle-ci n'étant possible qu'à la condition de faire intervenir la médiation de la raison, de mettre en forme, de synthétiser les sensations issues de l'observation attentive du réel. La perception seule ne peut donc suffire, l'intervention de la raison est nécessaire. On peut même s'interroger sur la nécessité des sens pour savoir (...)
[...] La connaissance ne repose pas sur la vision des faits mais sur leur observation scientifique qui relève d'hypothèses théoriques préalables. L'expérimentation est un moyen de vérifier, ou plus exactement de contrôler, la validité d'une hypothèse théorique. Toute expérience scientifique associe observation et interprétation scientifique. Pour pouvoir faire l'interprétation des faits, l'attention des sens, la perception n'est pas suffisante, même si elle est nécessaire pour confirmer ou infirmer l'hypothèse théorique. [...]
[...] Les sens ne suffisent pas pour savoir. Ils relèvent de la croyance. La connaissance n'est pas donnée immédiatement par eux. Si l'on suit l'apparence sensible, il semblerait que ce soit bien le soleil qui tourne autour de la terre. Or, c'est l'inverse, l'héliocentrisme, qui est vrai. Les sens sont en cela trompeurs, illusoires. Nombreuses, en effet, sont les illusions d'optique dont nous sommes victimes. La perception ne nous permet aucune connaissance certaine. Elle est sujette au doute. Ainsi, Descartes, dans sa méthode de doute hyberbolique distingue le vraisemblable du vrai. [...]
[...] Que nécessite le savoir pour advenir ? Cela amène à s'interroger sur les relations entre expérience pratique et théorie dans le processus de la connaissance. Après avoir soutenu qu'il suffit de voir pour savoir, la question exige ainsi que l'on mette en cause le caractère immédiat de la perception dans l'élaboration et la constitution d'une véritable connaissance. Il s'agit de remettre en doute l'idée que la vue, la perception immédiate, puisse prétendre au titre de connaissance, celle-ci n'étant possible qu'à la condition de faire intervenir la médiation de la raison, de mettre en forme, de synthétiser les sensations issues de l'observation attentive du réel. [...]
[...] Ainsi, selon Pyrrhon, je dois suspendre tout jugement, m'en tenir à des énoncés du type je vois la maison brûler en gardant bien à l'esprit que cette perception ne peut prétendre correspondre à un quelconque savoir. Les sens ne suffisent donc pas pour savoir selon ces différentes thèses. Mais étant nécessaires dans le processus de la connaissance, l'homme ne peut-il donc jamais parvenir à aucune certitude ? Dire qu'il n'y a aucun savoir possible est contradictoire dans le sens où c'est poser cette affirmation négative comme certaine, donc de l'ordre du savoir. [...]
[...] Ne peut-on plutôt envisager qu'autre chose serait nécessairement requis, en plus de la perception, qui rendrait le savoir possible ? III. L'intervention de la raison indispensable pour connaître Si l'on reprend l'exemple développé par Descartes concernant le morceau de cire, pour savoir ce qu'est la cire, il ne suffit pas d'utiliser nos sens, il faut la concevoir. La connaissance exige la participation, la médiation de l'esprit et ne peut se contenter de l'immédiateté des sens lesquels ne suffisent donc pas pour savoir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture