« Toute la conduite de notre vie dépend de nos sens, parmi lesquels celui de la vue (…), le plus universel et le plus noble. » (Descartes, la Dioptrique).
Voir, c'est percevoir, donc saisir le sens, avec les yeux ; et la formulation du sujet à l'infinitif nous incite à nous demander si voir est une action qui définit l'homme et le signe de la présence en lui d'une force, et comment il en use. Il est alors essentiel de se demander comment l'homme peut voir, comment il réagit par rapport à cette possibilité mais surtout, se demander s'il voit la réalité ou une illusion de la réalité ; car c'est essentiellement par la vue que se construit sa connaissance du monde, puisque c'est par elle que les objets apparaissent pour une conscience.
De ces grandes interrogations en découlent d'autres, plus précises mais tout aussi fondamentales : d'où vient l'action qui cause le sentiment de la vue ? La reconnaissance d'un objet n'est-elle pas basée plus sur l'expérience que nous avons que sur la vision en elle-même? Quel est alors le rôle du corps et de la conscience dans la perception?
En se plaçant du point de vue du sensible, c'est-à-dire de ce qui est perçu, on peut se demander si les choses sont parce qu'elles sont perçues ou parce qu'elles existent ; et si l'image que les hommes en ont est objective.
Nous orienterons donc notre réflexion sur trois thèmes et problèmes principaux : lorsque l'homme voit, est-ce une perception active ou passive? Quel est son comportement par rapport à cette capacité de voir? Et enfin, lorsqu'il voit, a-t-il une vision de la réalité ou une illusion de cette réalité?
[...] En effet, de nombreux facteurs interviennent lors de la perception. N'est-ce pas plus par le jugement que par la vision que nous comprenons des choses ? Lorsque nous voyons, donc lorsque nous organisons nos sensations, c'est bien souvent le jugement qui prend le dessus sur la réelle connaissance des choses : lorsque je me penche à ma fenêtre pour regarder le spectacle de la rue, je dis que je vois passer des hommes. Or, que vois-je sinon des chapeaux et des vêtements sous lesquels pourraient se cacher des automates ? [...]
[...] Nous avons vu précédemment que suivant sa place dans le monde, chaque homme pouvait avoir des interprétations différentes. Cette même raison est à l'origine de la déformation de la réalité : chacun a sa sorte de caverne, d'antre individuel qui brise et corrompt la lumière de la nature par suite de différentes causes : la nature propre et singulière de chacun, l'éducation et le commerce avec autrui, la lecture des livres, l'autorité de ceux qu'on honore et admire Chaque homme, inconsciemment déforme ce qu'il voit : l'entendement humain ressemble à un miroir déformant qui, exposé au rayon des choses, mêle sa propre nature à la nature des choses qu'il fausse et brouille. [...]
[...] (Descartes, la Dioptrique). Voir, c'est percevoir, donc saisir le sens, avec les yeux ; et la formulation du sujet à l'infinitif nous incite à nous demander si voir est une action qui définit l'homme et le signe de la présence en lui d'une force, et comment il en use. Il est alors essentiel de se demander comment l'homme peut voir, comment il réagit par rapport à cette possibilité mais surtout, se demander s'il voit la réalité ou une illusion de la réalité ; car c'est essentiellement par la vue que se construit sa connaissance du monde, puisque c'est par elle que les objets apparaissent pour une conscience. [...]
[...] Le principe même de la foi est de croire en quelque chose qui n'est pas totalement révélée et pourtant, ô combien sont nombreuses les occasions où des personnes disent : moi, tant qu je ne vois pas, je ne crois pas Saint Thomas le premier. La vision serait donc ici la preuve de l'existence. Une autre manière de voir est présente dans la religion : la promesse de voir Dieu dépasse toute béatitude. Dans l'Ecriture, voir c'est posséder. Celui qui voit Dieu a obtenu tous les biens que l'on peut concevoir (St Grégoire de Nysse). Sans doute, est-ce ici le sens de voir, reconnaître l'action et l'Amour de Dieu. [...]
[...] (Merleau Ponty, Phénoménologie de la Perception II,2) L'objet de ma perception est également celui de mon attention et occupe alors le devant de la scène et se détache. La conscience et le désir peuvent donc modifier la manière dont je perçois le monde qui m'entoure. Voir, c'est donc fixer son regard, consciemment ou inconsciemment, sur une chose qui nous interpelle et qui varie donc suivant les personnes. Ayant désormais éclairé les différentes influences sur la perception, on peut se demander d'où vient cette interrogation sur l'action de voir : est-ce que l'homme n'aurait pas un rôle vis-à-vis des choses ? [...]
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