Désir, règle de conduite, plaisir, bonheur, satisfaction, morale, sagesse
Pour comprendre ce qu'est le désir, il faut l'opposer à la notion de besoin : un besoin doit être satisfait sous peine de mort : par exemple la faim. Alors que ne pas satisfaire un désir n'implique pas la mort. Le besoin est naturel, animal alors que le désir est culturel, humain. Il existe des besoins qui peuvent aussi être des désirs : par exemple le besoin de manger pour survivre peut devenir le désir de bien manger ou de manger en abondance. Le désir est propre à l'homme. On imagine un objet pour pouvoir le désirer et on anticipe la satisfaction qu'on en retirera. C'est pourquoi le désir peut s'accompagner d'un sentiment de manque, de souffrance, sentiment qui ne s'estompera qu'au moment ou l'on obtiendra l'objet de son désir. Cependant l'attente liée au désir provoque aussi un sentiment plaisant d'excitation qui s'éteint lorsque le désir est assouvi. Cela explique que le désir humain est infini : la satisfaction d'un désir éveille un nouveau désir, etc : plus on en a, plus on en veut. Ainsi le désir semble apporter à la fois souffrance, insatisfaction et plaisir.
[...] Le désir se trompe donc d'objet : il croit désirer un corps alors qu'il veut une âme. C'est pourquoi il est perpétuellement insatisfait. Tout désir est ainsi victime d'une illusion : il cherche à posséder ce qui n'est pas son réel but. L'accomplissement de tous nos désirs est donc impossible. Nous projetons sur un objet les idéaux que nous avons, l'objet de notre désir se résumant ainsi au prétexte du désir. La satisfaction est donc toujours teintée de déception. C)Faut-il alors renoncer à tous ses désirs? [...]
[...] Comment déterminer la meilleure règle de conduite? Le critère d'une bonne règle de conduite est le bonheur qu'elle apporte. Mais la encore une difficulté se pose : le bonheur est une notion subjective. Ce qui fait mon bonheur peut faire le malheur des autres : je peux par exemple m'enrichir sur le dos des autres. Ce qui est bon, ce n'est donc pas ce qui est bon pour moi, mais ce qui est bon pour tous, du point de vue morale et éthique. [...]
[...] Il s'agit à travers l'action sur nos désirs de se conformer à l'ordre du monde. Ainsi en ne cherchant qu'à accomplir des désirs réalisables, la nature s'accomplit à travers nous. En conclusion, on ne peut vivre selon ses désirs. Mais il cependant exclu de n'en satisfaire aucun, les désirs nous apportant du plaisir, nous définissant et nous faisant avancer. De plus on ne peut dire que vivre selon ses désirs est une bonne règle de conduite : du point de vue du bonheur car les souffrances et l'insatisfaction s'y opposent. [...]
[...] On peut se poser la question du sens du mot : bonne. En effet on peut comprendre bonne du point de vue du bonheur ou du point de vue de la morale et de la vertu, c'est à dire au sens éthique. Nous avons vu que le désir s'accompagne d'un sentiment de manque. La solution au manque serait donc de vivre selon son désir, de satisfaire tous ses désirs. Cependant ériger cela en règle de conduite est incompatible même avec la notion de désir : en effet la règle suppose la législation du désir alors que l'accomplissement de tous les désirs appelle au chaos. [...]
[...] Pourquoi ne serait-ce pas alors une règle de conduite? Or on ne désire que ce qu'on n'a pas. C'est pourquoi, le désir s'accompagne d'un sentiment de manque, d'insatisfaction. Si l'objet de notre désir est difficilement atteignable, cette privation se transforme en douleur. On comprend donc pourquoi satisfaire ses désirs c'est mettre fin à cette souffrance, voir se faire plaisir. Si l'on considère le bonheur du point de vue d'une succession de plaisirs, on peut donc penser que vivre selon son désir c'est vivre heureux. [...]
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