Que dire de l'expérimentation sur le vivant ? Ce qui existe de fait, qui est théoriquement possible et scientifiquement nécessaire, peut-il aussi être légal, acceptable en droit parce que légitime et moralement acceptable ?
[...] Tout autre usage est illégitime et injuste. C'est donc une solution résiduelle à n'utiliser qu'en cas de nécessité, par respect pour l'animal. Mais la médecine doit être une science expérimentale et progressive. Claude Bernard fit entrer le premier la médecine dans le champ des sciences en décrivant la méthode qu'elle devait suivre pour voir ses recherches aboutir. II définit ainsi les trois principales étapes de la pensée scientifique : premièrement observer un fait, deuxièmement émettre une hypothèse destinée à l'expliquer, troisièmement faire une expérience pour la vérifier ou la réfuter. [...]
[...] Que nous dit vraiment notre conscience ? II- La loi morale nous ordonne de faire de l'homme une fin, non un moyen Kant formula le premier, de la façon la plus simple, la loi morale à laquelle nul être ne peut se soustraire. Cette loi nous ordonne de faire de l'humanité une fin en soi, c'est-à-dire de respecter la liberté en nous et hors de nous : Je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré. [...]
[...] À quelle autorité se référer pour trancher le conflit qui peut opposer la morale et la science? À la conscience? À la raison? À une autorité juridique, théologique, politique ou morale enfin? Qui est compétent dans le cas de la vie? Qui peut juger et selon quel critère? La sensibilité donne le droit de ne pas être maltraité inutilement La théorie rousseauiste du droit naturel est l'une des premières à accorder des droits à l'animal. Elle trace ainsi les limites du champ de l'expérimentation légitime sur le vivant, de façon implicite. [...]
[...] L'originalité de la théorie de Rousseau est de déduire tout le droit naturel des hommes de ces deux sentiments innés, c'est-à-dire de fonder le droit sur la sensibilité et non sur la raison comme on le faisait traditionnellement. Cela a pour effet de donner à la bête une dignité qui lui faisait défaut en la faisant rentrer dans le champ du droit, dont on l'excluait traditionnellement en ne voyant en elle qu'un animal dénué de raison. Si le droit se fonde sur la sensibilité, l'animal qui en est doué est aussi un sujet de droit, non un objet dont l'homme peut librement disposer et celui-ci a donc des devoirs à son égard. [...]
[...] La sagesse est l'unité du savoir et de la vertu et l'homme, rationnel et raisonnable, demeure le principe et la fin de la science. Il n'est donc ici nulle antinomie, car il n'est qu'une seule raison qui commande à tous. C'est elle qu'il faut écouter dès que l'on expérimente sur le vivant, directement en soi si l'on est suffisamment sage, ou en la reconstituant sous la forme d'un comité pour éviter l'erreur et ne pas donner tout pouvoir à un seul. [...]
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