À la vue d'un corps d'athlète, on le compare aisément à une « belle machine », de même qu'un élève doué en calcul mental sera comparé à une « machine à calculer ». On parle également souvent du « miracle de la vie ».
Ces comparaisons banales ont-elles un fondement ? Peut-on assimiler, réduire, le corps humain à une machine ?
Intéressons-nous également au terme « belle ». Que veut-il dire, en vue de l'intitulé de la question ? Le vivant serait une machine particulière, qui aurait une esthétique, une beauté, propre à elle ?
Une machine, oui, mais pas seulement ? Quelle est alors la spécificité du vivant ?
La vie est-elle spécifique et si différente de la matière ? Relève-t-elle de l'exception ?
De même, l'apparition de la science-fiction, a implanté dans la pensée populaire, l'image de l'homme-robot, mécanique, sinon, mécanisé. Et que dire des progrès de la génétique, de la chirurgie, qui permettent d'implanter des parties mécaniques dans un corps humain ?
[...] L'homme se résume-t-il alors en une âme pensante dans un corps-machine ? Cette simplification est abusive, c'est pourquoi Descartes affinera sa thèse, notamment en s'interrogeant : si l'Homme a un corps-machine, comment le distinguer des autres machines ? La réponse cartésienne est la suivante : la parole, propre à l'homme, le distingue des autres machines. Pourtant, une machine, comme un ordinateur, peut tenir des raisonnements, de même, un Perroquet peut s'exprimer en utilisant le langage humain. Descartes définit donc deux cas de parole, qui ne permettent pas de classer un être vivant dans le genre humain, l'expression immédiate, due à une émotion, un événement, et le raisonnement logique. [...]
[...] La vie, le vivant, est donc viscéralement opposée à l'inerte, donc à la machine. Cette théorie est la fondation de la pensée vitaliste. Pour Bergson, vitaliste également, le vivant est découpé, décomposé et analysé par notre intelligence Notre intelligence associe ces tranches de vivant à des mécanismes, le vitalisme de la vie disparaît ainsi de nos consciences. La machine n'a pas de fin en elle-même, sinon d'être une machine, et de remplir son rôle, elle n'a pas d'existence propre. Une machine n'existe pas pour être une machine, mais bien pour remplir une fonction. [...]
[...] L'organisme est donc voué à une fin, il est composé d'organes, dont la fonction est propre, et qui permettent d'aboutir à cette fin. La vie veut vivre selon Kant, c'est pourquoi l'organisme, par toutes ses parties, tend à une fin unique, la vie, non pas pour vivre, mais bien pour exister. Le vivant est supérieur à la machine en quatre points : _ une machine ne peut corriger les erreurs résultant de sa fabrication, alors que le vivant le peut. L'atrophie d'un membre, une malformation peuvent être compensées. _ une machine ne peut remplacer ses pièces par elle-même, contrairement au vivant. [...]
[...] Le vivant est la plus grande richesse qu'il soit, la machine, remplaçable, n'a aucune valeur, sinon une valeur marchande. En effet, dès lors qu'un objet a un prix, il n'a plus de valeur, puisque son prix, n'étant pas fixé, peut varier au gré des saisons, des humeurs, des modes. Le vivant est invariant. La vie, pour Bichat, est tout ce qui résiste à la mort. Le vivant est pour lui bien spécifique, on ne peut le réduire à un mécanisme, où le théoriser par des lois physiques ou chimiques. [...]
[...] Le vivant n'est donc pas qu'une belle machine. Ce n'est même pas une machine. On peut faire l'analogie entre le fonctionnement d'un organisme et d'une machine, la biologie est irrémédiablement liée au réductionnisme, mais on ne peut pas simplement expliquer le vivant par l'ensemble des mécanismes physiques et chimiques. Il faut donc reconnaître que le vivant a une spécificité, même si on ne peut guère expliquer l'origine de celle-ci. On peut admettre que le mécanisme puisse expliquer certains phénomènes du vivant, mais il ne peut être ontologique. [...]
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