Il semblerait d'un premier abord que l'étude du vivant puisse se passer de la conscience, on y voit, avec la science moderne, une preuve de maturité. Mais cela serait une erreur grossière, car cela reviendrait à fermer les yeux sur un constat de cette même science, qui ne cesse, au fur et à mesure de ses recherches, de reconnaître, forcée et contrainte, que l'organisation du vivant est comme une perfection, autant sur le plan de l'individu que sur celui de l'écosystème (...)
[...] On peut se la représenter comme un grand tamis, toutes les espèces du vivant ( animaux et plantes ) qui ne sont pas viables sur terre passent au travers du grillage, et lorsque l'homme apparaît (en dernier) ne voit que le vivant sélectionné, il y voit une perfection et l'explique par l'argument de la conscience. Ainsi on voit que l'explication de l'organisation du vivant par la conscience n'est pas recevable. Penser le vivant sans la conscience ne paraît donc plus impossible. De plus, le second argument, où la conscience était apparemment révélée par un but universel du vivant à se reproduire, est illogique. Car si l'idée de conscience entraine celle de but, ce n'est pas parce qu'un but est constaté qu'il y a une conscience. [...]
[...] Nous allons maintenant voir que l'on peut penser le vivant sans la conscience, sans pour autant faire l'impasse d'une partie de sa nature. En effet, comme nous l'avons vu, le vivant n'a pas de but, pas de projet, ses actions sont répétitives, et tout cela contribue à sa survie et sa reproduction. C'est donc qu'il ne s'interroge pas au moment d'agir, en d'autres termes, il obéit à une problématique d'instinct. Or l'instinct est bien indépendant du choix libre, il force son sujet à agir d'une certaine manière. [...]
[...] Mais on est en droit de se demander si le vivant a simplement un but, car si effectivement on constate qu'il tend à se reproduire, à se protéger, c'est à dire à perdurer, ce but se caractérise par sa répétition et son inamovibilité dans le temps. Ceci révèle donc une absence assez flagrante de créativité. Or la créativité n'est-elle pas le propre de la conscience ? Ceci est en revanche logique : si la conscience implique la créativité, et qu'il n'y a pas de créativité, alors il n'y a pas de conscience. Un être vivant doué de conscience serait bien capable de se renouveler sans arrêts pour parvenir à son but de survie, de s'adapter à de nouvelles situations, à de nouveaux prédateurs. [...]
[...] Ainsi, si l'on pense le vivant tel à une machine, on peut tout à fait le concevoir sans la conscience. Nous avons donc commencé par croire que l'on pouvait ne pouvait pas concevoir le vivant sans la conscience, le réduire à une simple mécanique, car, observant son organisation et ses actions, nous avions constaté une certaine perfection et une tendance vers un but que seule un conscience pouvait donner. Par conséquent, négliger cette conscience n'aurait pas permis de comprendre le vivant. [...]
[...] Or qui pourrait dire qu'une telle organisation si efficace depuis des millénaires, si bien rodée, si parfaite, peut se faire sans une raison qui gère l'ensemble, sans une conscience qui régule ce vivant en lui disant ce qu'il doit faire ? De même que qui dirait sérieusement que les jardins à la française ( chef-d'œuvre d'organisation à l'image du vivant ) se font sans l'intervention d'une conscience, ici, celle de l'homme ? Ainsi penser le vivant sans la conscience, dès lors que l'on comprend la nécessité de son existence, relève de la bêtise ou de l'impossible. On ne peut donc pas penser le vivant sans la conscience. [...]
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