Vit-on au présent ?

Résumé du document

Il semble évident que notre vie se passe dans le temps présent a priori. A quel autre temps la vie pourrait-elle donc se passer ? On dit souvent de quelqu'un qui n'arrive pas à se remettre d'un évènement antérieur qu'il "vit dans le passé" et que par conséquent il "manque sa vie présente, actuelle". Au contraire, on reproche aussi à celui qui "rêve" sa vie de ne pas vivre au présent et de "passer à côté de sa vie". Il semble donc que le seul temps dans lequel la vie puisse exister soit le temps où l'on peut réellement agir, c'est-à-dire le présent. Cependant vivre est-ce seulement enchaîner une succession d'actions, est-ce vraiment ce que l'ont peut appeler la vie ? Alors bien sûr dira-t-on, si ce n'est pas la vie, qu'est-ce donc ? On pourrait alors penser que la vie est bien plus que l'action. Si elle n'était que ça, elle réduirait l'Homme au rang d'animal, ou du moins elle attribuerait une vie à l'animal. Vivre au présent ne serait donc pas seulement effectuer des actions successives mais aussi leur donner un sens. Cette capacité à donner un sens à sa vie n'appartient qu'aux Hommes, elle est étrangère aux espèces animales. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire de distinguer "vivre au présent" de "vivre le présent" (...)

Extraits

[...] Il y aurait donc une nécessité de vivre au présent c'est-à-dire d'accorder à chaque instant de la vie l'importance qu'il mérite. La nécessite de vivre au présent se révèle encore plus forte lorsque l'on s'intéresse aux thèses des philosophes qui préconisent cette vie au présent. En effet, le grand danger auquel les Hommes succombent parfois, peut- on même dire souvent, est l'appréhension, l'anticipation négative du futur. Ceci, notamment à cause de notre rapport à la mort. La mort apparait comme ce qui nous détache de la vie, qui nous y arrache. Pour cette raison, nous la craignons. [...]

[...] Autrement dit, dans quelle mesure pouvons nous vivre au présent ? Il n'y a a priori pas d'autres temps de la vie. Si on décide d'interroger les Hommes en leur demandant qu'est-ce que vivre ? ou qu'est-ce que la vie ? alors une grande partie d'entre eux répondra certainement que vivre c'est bouger, faire des actions, etc. Cette réponse témoigne bien du fait qu'on ne puisse vivre dans une autre temporalité que le présent. En effet, une action passée ne peut plus être changée tandis qu'une action future n'est pas encore réalisée et on en sait même pas si le sera. [...]

[...] De cette capacité, l'Homme peut soit tomber dans l'excès en se concentrant sur son futur, en le craignant ou en y projetant tous ses espoirs, soit réussir à vivre son présent en maîtrisant son passé. En d'autres termes, l'Homme peut mieux comprendre sa vie présente rétrospectivement à elle-même. C'est seulement quand l'action s'est passée qu'en la racontant les Hommes peuvent la comprendre, lui donner un sens et en faire une vie. Ainsi, nous pouvons dire maintenant que l'Homme vie le présent bien qu'il ne le vive pas au (temps) présent. [...]

[...] Rêver nous empêche de vivre au présent puisque le temps du rêve semble être le temps pendant lequel la vie est à son plus faible degré : c'est le sommeil. Peu de différence semblent distinguer l'homme endormi de l'homme mort, pourtant l'homme endormi rêve et vit parfois physiquement son rêve (c'est le cas des somnambules). Mais peut-on dire qu'il vit réellement au présent au moment où il rêve ? Même s'il est en activité physique dans ce rêve ? La réponse est certainement non dans la mesure où le rêve est un étant d'inconscient dans lequel l'homme ne vit pas réellement. [...]

[...] Dans ces moments de lucidité, l'homme peut aussi échapper à sa vie présente. Nous projetons en effet dans le futur des désirs, des projets, des objectifs que nous espérons atteindre plus tard. Nous nous efforçons donc de les réaliser, nous mettons tout en œuvre pour les atteindre. Cependant, une fois l'objet de nos désirs atteint, il nous en faut un tout autre. C'est-à-dire qu'en tant qu'Homme nos désirs sont incontentables et nous avons la capacité d'en recréer de nouveaux à l'instant même où les précédents semblent être réalisés. [...]