Depuis l'Antiquité, les communautés humaines se sont organisées autour de règles assurant leur survie contre la violence de leurs semblables, comme le code d'Ammourabi (vers 1730 avant Jésus-Christ) qui tente de lutter afin d'introduire une rationalisation dans les vengeances privées en appliquant des peines à hauteur des dommages subis par les victimes. Toutefois, le code d'Ammourabi applique au sens strict du terme la loi du talion. Bien que ce code soit un progrès indubitable pour l'époque car il supprime les vendettas en rationalisant les mesures punitives, il n'en demeure pas moins une forme de violence rationalisée qui n'admet pas la juste mesure et qui vise le coupable parfois indirectement (si un homme tue le fils d'un autre, la punition portera sur le fils du meurtrier et non pas sur le meurtrier lui-même). A l'inverse, le code de Iaroslav le Sage (1019-1054), intitulé Roussaïka Pravda (le droit russe), fixe un système précis et détaillé d'amendes destinées au Trésor, et de compensations en argent destinées à la victime et à ses proches. Ce système s'applique à tous les forfaits possibles, du menu larcin au meurtre. Une forme de « vengeance légitime » est néanmoins prévue qui consiste en un combat singulier entre le plaignant et l'accusé, la peine de mort n'existe pas et les délits graves sont punis par la servitude à vie. Ainsi, à travers ces deux codes, nous pouvons voir que la violence peut parfois être rationalisée mais qu'il demeure toujours la question de la juste mesure. Le choix des règles est celui de la raison, car la violence, concrétisée sous les plus différentes formes d'exclusion est la négation du sens. Les atteintes à l'homme comme sujet pensant, l'atteinte physique ou morale envers l'homme tenu comme objet peut-elle en accord avec la raison, jugée raisonnable par elle ? Atteindre l'homme en sa qualité du sujet peut-il être considéré comme juste et justifié par la raison ? Peut-on considérer comme légitimes des actes commis par l'homme qui porte atteinte à l'homme dans sa dignité ? Est-il possible de trouver des raisons qui justifient-ils le recours à la violence ?
[...] Le seul moyen de rejoindre la raison serait de mettre fin à la violence pour instaurer une autre relation à autrui basée sur la liberté et non sur la force. Bibliographie indicative Violence et raison. De Paul Brulat, aux éditions P.V. Stock Psychologie des violences sociales. De Gustave-Nicolas Fischer, aux éditions Dunod La violence. De Michel Wieviorka, aux éditions Hachette Littératures, 2005. [...]
[...] La violence est donc un constat de faiblesse. En effet, le fait d'imposer par la force quelque chose à un individu qui refuse revient à le nier en tant qu'homme. La violence s'annonce comme une régression de l'humain vers l'inhumain. Je nie l'autre en tant qu'homme, et je me dis aussi comme être de raison dans une émotion qui me met hors de moi. Par la violence, nous quittons ce terrain d'échange qu'est la raison. La violence et la raison semblent donc s'exclure: l'une est la négation de l'autre. [...]
[...] La violence est-elle rationnelle ? Depuis l'Antiquité, les communautés humaines se sont organisées autour de règles assurant leur survie contre la violence de leurs semblables, comme le code d'Ammourabi (vers 1730 avant Jésus-Christ) qui tente de lutter afin d'introduire une rationalisation dans les vengeances privées en appliquant des peines à hauteur des dommages subis par les victimes. Toutefois, le code d'Ammourabi applique au sens strict du terme la loi du talion. Bien que ce code soit un progrès indubitable pour l'époque, car il supprime les vendettas en rationalisant les mesures punitives, il n'en demeure pas moins une forme de violence rationalisée qui n'admet pas la juste mesure et qui vise le coupable parfois indirectement (si un homme tue le fils d'un autre, la punition portera sur le fils du meurtrier et non pas sur le meurtrier lui-même). [...]
[...] Alors, la violence ne peut avoir raison ni ne peut être juge et justifier. La raison ne peut que donner tort à la violence. En effet une maxime philosophique de Kant dit qu'il faut agir de telle sorte que notre action puisse être érigée en maxime universelle. Or nous l'avons vu, la violence ne peut être rationalisée universellement, tout dépend du système de pensée dans lequel on se place. En effet il y a des schémas de pensées qui justifient les divergences : il y a plusieurs emplois de la Raison mais pas plusieurs raisons. [...]
[...] La violence comme moyen est aussi une violence calculée. La torture pratiquée par les Français pendant la guerre d'Algérie, niée pendant longtemps, se dissimulait derrière la volonté d'empêcher les attentas du F.L.N contre les populations civiles. On se sert de la raison à des fins sociales et politiques - pour intégrer, exclure, normaliser. Il existe une violence au nom de la raison par exemple ce que d'aucuns appellent les institutions de la violence : la prison, où la privation de liberté est jugée comme le remède à la violence dont font preuves les détenus. [...]
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