Paris, la «ville Lumière», est l'un des symboles traditionnels de la ville dont elle souligne les attraits : richesse de la vie culturelle, richesse architecturale, témoin de l'histoire, point de rencontre cosmopolite etc. Au regard de ce symbole, il apparaît que la ville, création essentiellement humaine, a dépassé sa vocation politique originelle.
La création de Rome par Rémus et Romulus est emblématique de la fonction première de la ville : une organisation politique. L'homme est un animal politique, ainsi que l'a souligné Aristote, et il est naturellement porté à vouloir se regrouper. La ville antique est donc une communauté d'hommes animée par le «vouloir vivre ensemble » décrit par Ernest Renan (Qu'est-ce qu'une nation ?). Ce regroupement est volontaire et doit permettre l'organisation et la régulation de la communauté via l'édiction des règles du jeu social. Au fil du temps, la vocation politique de la ville, de la cité a été gommée au profit de la nation et de l'Etat à qui est désormais dévolue la compétence politique. De cité, d'organisation politique souveraine, la ville a été progressivement réduite au simple regroupement urbain, doté de pouvoirs politiques limités dans leur essence et dans leur étendue.
La ville moderne semble se ramener à une simple réalité qui cherche sa légitimité dans son utilité. Création humaine, la ville s'est mise au service de l'homme qui l'a façonnée selon ses désirs. La ville rime désormais avec la technique, la rapidité, l'emploi et symbolise la domestication du progrès au service de la liberté individuelle, de l'épanouissement personnel. Pourtant, la ville est une réalité ambivalente. Alors même qu'elle doit permettre à l'homme de se réaliser en tant qu'individu libre et perfectible, pour reprendre la terminologie rousseauiste, elle n'y parvient qu'au prix de la dissolution de la communauté urbaine. En effet, la ville moderne est synonyme de solitude, de stress. Sa rationalisation exacerbée a conduit à la destruction de la cité et finalement de l'âme de la ville : une communauté volontairement constituée, liée par un fort sentiment d'appartenance, ce que les sociologues appellent le lien social.
Si la ville est une réalité, une utilité façonnée par l'homme (I), sa domestication voulue a conduit à l'isolement de l'homme par la ville (II).
[...] Au fil du temps, la vocation politique de la ville, de la cité a été gommée au profit de la nation et de l'Etat à qui est désormais dévolue la compétence politique. De cité, d'organisation politique souveraine, la ville a été progressivement réduite au simple regroupement urbain, doté de pouvoirs politiques limités dans leur essence et dans leur étendue. La ville moderne semble se ramener à une simple réalité qui cherche sa légitimité dans son utilité. Création humaine, la ville s'est mise au service de l'homme qui l'a façonnée selon ses désirs. [...]
[...] La multiplication des moyens de communication lato sensu s'est accompagnée de la disparition progressive des lieux de rencontre. La ville moderne ne prévoit plus de lieux publics dédis aux débats et à la rencontre, mais se contente d'intersections, de points de connexion à l'image de la gare des Halles à Paris. Chaque individu peut croiser dans cette gare des individus différents dont la rencontre pourrait l'enrichir mais aucun espace ne s'y prête. La rencontre possible, avortée se limite alors au croisement impersonnel de deux vies durant un court instant. [...]
[...] Les œuvres de Gaudi à Barcelone sont un exemple intéressant de la réintroduction de l'art dans la ville. Les constructions de Gaudi se caractérisent par l'utilisation de couleurs vives de formes arrondies, de jeux de lumières. Ces immeubles tentent de réconcilier ville et nature, ville et art en introduisant de la folie, de l'irrationnel, rappelant ainsi que l'homme n'est pas qu'un être rationnel. L'homme est également un être passionné, épris de beauté et cherchant le bonheur. Légitimer l'art, le beau, dans la ville participe alors de la restauration de sa dimension humaine. [...]
[...] À ce titre, la ville est un symbole traditionnel de la liberté individuelle en ce qu'elle libère l'homme de la nature et de son milieu social. La ville moderne, symbole du progrès technique Dans le Voyage au bout de la nuit (Céline), le héros, Ferdinand Bardamu, est littéralement subjugué par la découverte de New York. Son séjour à Ellis Island apparaît à cet égard comme un purgatoire lui permettant de mériter l'entrée dans ce nouvel éden. Au début du vingtième siècle, New York apparaît en effet comme le symbole de la modernité, tant architecturale que technique. [...]
[...] La ville moderne ne s'est pas totalement libérée de cette ambivalence. En libérant l'homme des contraintes de la nature et de son milieu social et familial, dont les romans de François Mauriac (Le nid de vipères) donnent une vision dramatique, elle a permis à l'homme de se réaliser en tant qu'individu libre. Pourtant, la liberté n'est pas le seul attribut de l'homme. La conception antique faisait de l'homme un être fait pour la vie en commun, un animal politique, pour reprendre l'expression d'Aristote. [...]
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