Philosophie chrétienne, de la vie, de la vérité, C'est moi la vérité, Michel Henry, foi chrétienne, message chrétien
L'oeuvre de Michel Henry se révèle comme une véritable étrangeté dans le paysage de la philosophie contemporaine. Nous souhaitons ici la présenter comme une philosophie chrétienne d'après une interprétation de l'Évangile qui dépasse le cadre de l'exégèse historique et théologique habituelle ; mais aussi celui de l'approche systématique en philosophie, car justement, toute la portée de la Parole ne peut s'exprimer de cette façon seule. Il s'agit d'aller au coeur du message messianique et d'en dégager l'essentiel sans tomber, bien entendu, dans les considérations simplistes, caractéristiques de la mentalité contemporaine qui tendent à voir dans la parole christique, seulement l'expression d'une volonté de solidarité et d'une attitude bienveillante, la première expression d'une pensée humaniste, une approche purement « humaine, trop humaine ». Le philosophe Michel Henry peut-il être considéré comme un « mystique » ? À première vue, on ne peut répondre que par l'affirmative, car de toute évidence, la singularité des paroles évangéliques consiste justement en la révélation de la Vie, laquelle n'est pas expérimentée par la pensée, mais par l'affectivité. La pensée doit prendre conscience de ses propres limites pour reconnaître que la connaissance de soi est d'une autre nature, car elle lui est antérieure, c'est une connaissance du « coeur », mais il ne faudrait pas en conclure pour autant, que notre philosophe rejoint un mysticisme qui n'accorderait plus aucune importance à l'apport de la pensée ; cela serait évidemment une contradiction insoutenable pour quelqu'un qui a fait oeuvre de penseur toute sa vie, mais celle-ci s'est nourrie à une source profonde, que l'on peut qualifier d'expérience de la Foi, de l'amour divin.
[...] Certainement, la simplicité de l'existence humaine à l'origine, nous maintient dans une perception affective du sens et de la présence de la vie en nous et autour de nous. Un penseur comme Ludwig klages, vante cette époque numineuse où cette faculté de penser érotique est partagée par les hommes et les dieux, conférant à la vie une grandeur originelle vouée hélas à se perdre dans les illusions mortelles de la modernité rongée par la machine. À ce titre, Michel Henry propose lui aussi une critique radicale de la modernité dont le symptôme le plus marquant et l'effondrement de la culture traditionnelle, l'art et la religion. [...]
[...] À l'exemple de la philosophie du second Fichte, l'Absolu est antérieur et au-delà du savoir ; Il est amour qui se soutient lui-même infiniment. Il n'y a plus de sujet séparé de l'Absolu en cherchant à le rejoindre dans un savoir différent de lui ; il ne reste plus que le même qui est Dieu et c'est cela, précisément le savoir. Ainsi, la réflexion philosophique est une véritable action qui vaut pour elle même en ce sens qu'elle est amour de soi et non une poursuite d'une hypostase logique extérieure. [...]
[...] La pensée chrétienne aura ainsi pour tâche d'élaborer une nouvelle anthropologie. IV. Une pensée libérée de la modernité Après les nombreux soubresauts du XXe siècle, les penseurs connus de l'époque se sont détournés presque complètement d'une réflexion profonde et intéressante sur la révélation chrétienne et les possibilités de réalisation métaphysique qu'elle offre. Pris dans l'exigence de penser les tumultes de l'histoire, les promesses aussi radieuses qu'inquiétantes de la science, la philosophie classique ne semble pas en mesure de rendre pleinement tout le sens et le contenu d'une démarche authentiquement chrétienne dans son acception initiatique et non dogmatique. [...]
[...] Aucun absolu antérieur et premier ne fonde notre existence, mais l'autoaffection de la vie est cet ultime don dont nous sommes les héritiers. Notre humanité est pathétique au sens premier ; nous subissons cette vie qui pourtant nous donne aussi le sentiment d'être au cœur de notre destin, car précisément, c'est parce que la vie s'affecte elle-même que nous avons cette liberté de participer de sa profondeur et de son mystère. Conclusion Cette vie se révèle à la fois une chance inouïe, mais aussi une charge et l'on peut tenter de s'en détourner pour autant qu'elle est une angoisse, une inquiétude fondamentale et en ce sens, Henry rejoint la problématique heideggerienne de l'Angst. [...]
[...] La méthode phénoménologique conduite par Michel Henry nous ramène dans le domaine de la métaphysique ; une métaphysique de l'immanence qui est une glorification de la Vie. Ceci dit, si l'individu et sa subjectivité sont si essentiels pour Michel Henry, c'est bien parce qu'il s'agit bien d'une Incarnation du Dieu personnel spécifique au christianisme. En revanche, la vision eckhartienne semble aller dans le sens d'un effacement complet de l'ego[8]. Comment la subjectivité peut-elle être la vérité et le divin ? [...]
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