Rien ne semble a priori nous appartenir davantage que notre vie, comme le démontre d'ailleurs l'utilisation de l'adjectif possessif : ma vie est à moi, personne ne peut vivre ce que je vis, personne ne peut être acteur de celle-ci à ma place, c'est donc qu'elle m'appartient à l'évidence. Pourtant, malgré cet adjectif possessif, le fait même de se demander si notre vie nous appartient revient à envisager l'hypothèse que, paradoxalement, notre propre vie pourrait appartenir à quelqu'un d'autre ou en tout cas, ne pas nous appartenir complètement.
L'exemple de l'esclave illustre parfaitement le paradoxe : puisqu'il est vivant, c'est qu'il a été doté d'une vie qu'il est le seul à vivre et dont il est l'acteur principal. En ce sens, sa vie lui appartient. Néanmoins, lorsque l'on regarde sa condition, peut-on affirmer qu'il est celui qui conduit sa vie ? En effet, de ce côté-ci, sa vie ne lui appartient pas puisqu'il ne la dirige pas. Malgré le fait que comme tout homme il ait des volontés, des croyances et qu'il tente de mener sa vie en fonction de celles-ci, il est soumis à des pressions qui l'en éloignent. Finalement ma vie m'appartient-elle vraiment ?
[...] Ma vie m'appartient-elle? Rien ne semble à priori nous appartenir davantage que notre vie, comme le démontre d'ailleurs l'utilisation de l'adjectif possessif : ma vie est à moi, personne ne peut vivre ce que je vis, personne ne peut être acteur de celle-ci à ma place, c'est donc qu'elle m'appartient à l'évidence. Pourtant, malgré cet adjectif possessif, le fait même de se demander si notre vie nous appartient, cela revient à envisager l'hypothèse que, paradoxalement, notre propre vie pourrait appartenir à quelqu'un d'autre ou en tout cas, ne pas nous appartenir complètement. [...]
[...] Lorsqu'il n'en a pas conscience ou alors que cette vision est conforme à ses choix (foi religieuse par exemple), il peut alors avoir l'impression que sa vie lui appartient totalement ou alors qu'elle ne lui appartient pas, mais pour la bonne cause le salut En revanche lorsque l'homme se sent assiégé de contraintes, freiné dans son libre arbitre, il peut en découler un profond mal-être : il a conscience qu'il n'a aucun contrôle sur sa vie et qu'il ne fait que subir. C'est pour cela que cette question est fondamentale en psychanalyse. Finalement, ma vie ne m'appartient-elle totalement que dans mes rêves ? [...]
[...] Finalement, ma vie m'appartient-elle vraiment ? Le vivant, c'est tout ce qui s'oppose à la matière inerte selon Kant, tout simplement parce que le vivant a la faculté de se reproduire à l'inverse de la matière inerte. L'homme se reproduit pour créer d'autres hommes, mais il peut en plus également se reproduire lui-même dans le sens où il peut se réparer (renouvellement de cellule de peau par exemple. L'homme n'est donc pas une simple machine, une simple matière. De cette conclusion, on peut voir en quoi la vie d'un homme ne peut appartenir à un tiers : selon Bergson, la matière se comporte de manière déterminée, c'est-à-dire qu'elle est inertie, géométrie et nécessité. [...]
[...] Ma vie m'appartient donc. Et, même lorsque cette volonté n'est finalement pas vérifiée dans les fins, c'est-à-dire dans les conséquences des actes de chacun, l'important reste le moyen à savoir que partout, la volonté s'exerce. Là encore, impossible de nier le fait que ma vie m'appartient. De plus, l'homme a pleinement conscience que quoi qu'il fasse de sa vie, il en est forcément responsable. C'est cela même qui justifie qu'il puisse avoir mauvaise conscience. L'homme sait que sa vie lui appartient et que par conséquent les conséquences de ses actes dépendent de lui et de lui seulement. [...]
[...] Ma vie ne se limite-t-elle donc qu'à un déterminisme ? En religion et dans certains courants philosophiques, il est admis que l'histoire future d'un être humain est prédéfinie par une instance considérée comme supérieure par exemple Dieu. En ce sens, ma vie ne m'appartient pas puisque mon chemin est déjà tout tracé : c'est l'exemple des Elus dans le judaïsme. Mais, admettons l'existence de cette destinée, ne dit-on pas aussi que Dieu a rendu l'homme libre lorsqu'il l'a expulsé du Jardin d'Eden ? [...]
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