La conscience que nous avons de nous-mêmes est un fait qui amène l'homme à concevoir une rupture entre lui-même et ce qu'il considère comme intérieur d'une part et, d'autre part, le monde, l'extérieur. En même temps cela l'amène à supposer qu'en plus de la vie quotidienne qui met l'homme en rapport avec les choses, il y a une vie intérieure d'un “moi”, d'un ego, d'une âme.
L'homme se conçoit comme une identité qui a lieu par une prise de conscience de son appartenance à ce qui est. Le moi immanent qui se voit être se rapporte par là même à la transcendance de l'Etre en tant que ce qui fait tenir dans l'être tout ce qui est, et aboutit donc à Dieu. Dieu excède par son être tout ce qui est, mais voilà que l'homme le sent non tant dans ce qui est, mais à l'intérieur de lui-même, tout en en étant excédé. La vie intérieure, que ce soit celle de l'âme ou de la pensée, se rapportant à Dieu ou à l'Etre, aboutit donc à vivre l'extérieur. Comment concevoir une telle possibilité ? Comment l'intime de l'homme peut-il embrasser ce qui le surpasse sur le plan ontologique ? Quel est l'objet de cette vie intérieure, en quoi consiste-t-elle ?
[...] La vie intérieure apparaît alors comme une union intime avec le transcendant, c'est fondre en lui son La vie intérieure de l'homme consiste donc dans un attachement à ce qu'il considère comme le plus profond de lui. Cette vie intérieure a pour fondement la conscience d'être que l'homme possède, et donc, d'une certaine façon, une réflexion sur l'être. Dans sa vie intérieure l'homme perçoit qu'il peut y approcher le plus précisément au fond de lui-même, et en aboutissant à la question de l'être ou à l'expérience religieuse, c'est dans sa vie la plus intérieure que l'homme vit ce qui le dépasse. Bibliographie Michel Henri Essence de la Manifestation, Paris, PUF Martin Heidegger Etre et Temps, trad. [...]
[...] L'ego ne peut pas sortir de lui-même, n'a précisément pas d'extérieur, reste un et donc “s'amène” avec soi-même où qu'il n'aille. L'ego conçoit même la transcendance, telle qu'elle est en Dieu, comme une immanence. Michel Henri reprend l'idée de Feuerbach du “panthéisme affectif”, réduisant ainsi la transcendance absolue de Dieu aux affections de l'ego conçues dans leur degré superlatif, portées à l'infini. La vie intérieure de l'ego perçu en tant qu'immanence pure va en effet jusqu'à nier ce qui la dépasse, se proclamant autosuffisance et fermeture à toute altérité. [...]
[...] L'homme le peut, et sa vie intérieure apparaît par conséquent comme une vie intentionnelle qui le fait “tendre se dépasser. Ce vers quoi l'intérieur de l'homme tend, c'est non tant rester en soi, passivement disposé aux affections, mais, en allant au plus profond de soi, se dépasser par là-même. C'est le propre d'une expérience religieuse : aller au fond de son âme en dépassant progressivement tout attachement au monde extérieur, et c'est au fond de soi, semble-t-il dans ce qu'il y a de plus immanent, que l'on aboutit à Dieu, transcendant. [...]
[...] Le moi immanent qui se voit être se rapporte par là même à la transcendance de l'Etre en tant que ce qui fait tenir dans l'être tout ce qui est, et aboutit donc à Dieu. Dieu excède par son être tout ce qui est, mais voilà que l'homme le sent non tant dans ce qui est, mais à l'intérieur de lui-même, tout en en étant excédé. La vie intérieure, que ce soit celle de l'âme ou de la pensée, se rapportant à Dieu ou à l'Etre, aboutit donc à vivre l'extérieur. Comment concevoir une telle possibilité ? Comment l'intime de l'homme peut-il embrasser ce qui le surpasse sur le plan ontologique ? [...]
[...] Quel est l'objet de cette vie intérieure, en quoi consiste-t-elle ? La vie intérieure se conçoit d'abord comme la vie d'un ego, purement intérieur à lui-même, où même ce qui le transcende est conçu en tant qu'intérieur, l'ego ne pouvant pas se dépasser. Pourtant, l'homme est immergé dans un monde, et étant à une distance de ce qui est pour le saisir, ne se saisit-il pas lui-même par un dépassement ? Pour qu'il y ait une vie intérieure, le qui la vit perçoit en lui-même une dimension indéfinie intérieure dont il est certain. [...]
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