La vérité se définit habituellement comme la correspondance ou l'adéquation la plus parfaite de la pensée avec ce qu'elle pense. « Dire la vérité » comme devoir de l'homme, c'est énoncer le réel tel qu'il est objectivement sans tentation d'idéalisation ou de fascination quelconque. La vérité ne peut donc se jouer du monde sous peine de tomber dans l'illusion, le mensonge ou la doxa. Quels sont justement les éléments qui peuvent entraver la recherche de la vérité ? (...)
[...] Ces hommes, ce sont nous-mêmes prisonniers que nous sommes de faux savoirs, du vraisemblable de la Doxa. De tout ce que la raison assimile mécaniquement au vrai, sans le vérifier par elle-même et au risque d'être manipulée et dangereusement doctrinaire ou fanatique. Le prisonnier qui fait l'expérience du vrai est appelé à sortir de l'Eikasia, le lieu de cette doxa, pour entrer dans la Pistis, le lieu de la croyance comme ouverture de la caverne à la multiplicité du vrai, et monter vers la Dianoia, affranchissement et autonomie du jugement. [...]
[...] Comme le disait déjà Rabelais : Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ce dont on ne peut juger avec rigueur et démonstration serait à taire ? Mais, la vérité est toujours tentée de se confondre avec de nombreux artifices car elle est difficile, laborieuse et souvent déplaisante. Dès qu'un homme vient au monde, il est déjà assez vieux pour connaître le vrai, mais aussi pour mentir. Le langage atteste de la capacité humaine à vouloir atteindre aux choses elles-mêmes ou à se dérober dans l'antichambre de ses désirs. [...]
[...] Rien n'est préférable à la recherche du vrai, mais l'inconscient peut quelquefois aboutir à une déformation pathologique du réel. La mythomanie (mania = folie) est définie comme une atteinte de l'amour de soi qui confond le désir avec le réel. Le mythomane, à l'instar de l'affaire de JC Romand, se construit un monde fictif pour substituer la force de ses désirs à un réel décevant, humiliant ou blessant. Le mensonge inconscient de lui-même est exponentiel et en arrive à des conséquences dramatiques autant que stupéfiantes. [...]
[...] Ne naîtrait-elle pas de la raison ? Spinoza propose dans L'Ethique de répondre à ce dilemme en prenant pour exemple la qualification d'un métal précieux : l'or. Seules des propriétés physiques sont capables d'en circonscrire la définition. Il ne fond qu'à 1063° Celsius. Il n'est altérable que par le mercure, dont la masse atomique est de 196 ; et on peut encore achever la liste pour en arriver à dire ceci est bel et bien de l'or car l'ensemble de ces critères sont vérifiés. [...]
[...] Quels sont justement les éléments qui peuvent entraver la recherche de la vérité ? La vérité préexiste-t-elle à l'homme ? Est-elle innée ou acquise ? Et si au-delà du mensonge, de l'erreur, de l'illusion ou des désirs, toute vérité est-elle finalement bonne à savoir ? Alain disait au 20ème siècle que chercher la vérité, ce serait voir le monde tel qu'il serait sans nous : l'homme qui est un animal politique doté de raison, qu'il actualise en société, fausserait dangereusement la vérité. [...]
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