Cette question contient en creux une définition relativement négative de la vérité : n'y aurait-il donc pas de vérité réconfortante, et, à l'inverse, d'illusion qui dérange ? Car cette opposition semble diviser le monde en deux catégories irréconciliables, et sa formulation la place dans le champ de la morale : faut-il ou ne faut-il pas ? De quoi dépend le choix que nous devons opérer ici ? Quel est le rôle ici de la question du désir d'une part (la préférence), et d'autre part du pouvoir de la volonté ?
[...] En ce sens, l'illusion constitue un paradis artificiel au même titre que les drogues. La conséquence de cette remarque est que si l'on peut peut choisir l'illusion momentanément, ponctuellement, - en ne la choisissant pas vraiment choisir l'illusion volontairement et de manière reconduite n'a pas de sens. Le choix de l'illusion, maintenu en dépit du bon sens constituerait même une forme de folie volontaire, ce qui est une contradiction dans les termes : tôt ou tard, lorsqu'elle existe, la volonté rationnelle se manifeste pour présider aux choix du sujet en fonction de ses intérêts. [...]
[...] A la vérité qui dérange faut-il préférer l'illusion qui réconforte ? Introduction : Que dit-on lorsque l'on dit qu'il n'y a "que la vérité qui blesse" ? Selon cet adage en effet, la vérité constituerait une description douloureuse de la réalité, une façon sans compromis de dépeindre le réel. A l'inverse, ce qui ne blesserait pas appartiendrait au monde de la flatterie, de l'illusion. Alors faut-il préférer la vérité qui dérange à l'illusion qui réconforte ? Cette question contient en creux une définition relativement négative de la vérité : n'y aurait-il donc pas de vérité réconfortante, et, à l'inverse, d'illusion qui dérange ? [...]
[...] A-t-on le droit de préférer l'illusion à la vérité ? A. Préférer l'illusion n'est pas une position moralement tenable Si nous tournons le dos à la vérité au motif qu'elle nous indispose, nous cessons de nous comporter en être sociaux. Or cette transgression justifierait toutes les actions : dès lors que nous agissons conformément aux illusions dans lesquelles nous avons choisi de vivre, nous pouvons annexer tel territoire parce que nous estimons qu'il nous appartient déjà ; nous pouvons cesser de chercher à nous amender parce que nous estimons que les autres ont tort à notre sujet. [...]
[...] Est-il possible de préférer l'illusion à la vérité ? A. L'illusion est agréable L'idée selon laquelle la vérité serait "dérangeante" et l'illusion plus réconfortante semble se vérifier dans la vie quotidienne : combien de fois mentons-nous, (et nous mentons-nous), pour atténuer certaines réalités difficiles à supporter ? Qu'il s'agisse de la maladie, d'un trait de caractère, d'un défaut dont on est conscient, l'illusion permet de s'extraire rapidement d'une réalité pénible ou douloureuse. En atténuant, voire en transformant cette réalité, nous construisons une autre récit de nous-mêmes, des autres et du monde qui nous entoure, et ce récit dévie du réel objectif. [...]
[...] Par conséquent, s'il est agréable de choisir l'illusion plutôt que la vérité, nous n'avons pas toute latitude pour effectuer ce choix, et c'est la raison pour laquelle toute illusion est condamnée à n'être que passagère. En ce sens, l'illusion réconforte certes, mais elle peut également blesser lorsqu'elle prend fin. Transition : En d'autres termes, mon choix de l'illusion est un choix souvent limité dans le temps, opéré par convenance et parfois même de manière inconsciente. Mais peut-on préférer l'illusion par la volonté, c'est-à-dire un choix raisonné et organisé ? II. Peut-on vouloir l'illusion plutôt que la vérité ? [...]
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