Vérité, existence, compréhension, pensée relative, sensibilités individuelles, relativisme, subjectivité, sophisme, Protagoras, communication, abstraction, mythe de Timée, Platon, conception intellectuelle
La langue nous fournit des éléments contradictoires. Pour décrire les mêmes tâches, un juge doit établir et chercher la vérité. Or, dans la première expression, on sous-entend que la vérité dans son existence même dépend du juge comme quelque chose de construit progressivement et méthodiquement par ce dernier. Dans la seconde expression, au contraire, la vérité est supposée déjà entièrement constituée avant d'être découverte donc indépendante du juge qui n'est là que pour la relater. Ce sont des perspectives incompatibles. Nous pouvons donc demander si la vérité dépend de nous en réalité et en règle générale.
[...] Alors, il lui semble que l'essentiel de la vérité ne dépend plus d'elle selon Hegel. Pour concevoir l'union de la conscience à l'absolu dans une vérité parfaite, il faut cesser de commencer par les séparer, il faut se souvenir que l'absolu est chez lui seulement en nous. Bref, il faut que la conscience aille jusqu'au bout de la négativité qui la déchire pour qu'elle se réconcilie avec elle-même par une double négation. Alors, nous comprendrons que la peur de l'erreur, reposant sur l'extérieur supposé de la chose-en-soi, était en réalité une peur de la vérité. [...]
[...] Après avoir envisagé un relativisme radical, nous avons posé la vérité comme un absolu indépendant de toute le reste, mais du coup, elle risquait de nous échapper alors nous avons séparé la vérité comme chose en soi et la vérité comme objectivité reconnue en droit par tous les sujets pensants. Mais peut-on renoncer si aisément à la vérité en tant qu'absolu et à la métaphysique qui tente de se l'approprier ? La raison ne se prive-t-elle pas alors de ce qu'elle a de plus cher ? [...]
[...] Le relativisme philosophique se fonde sur une ontologie. Ainsi, l'idéalisme platonicien correspond à des idées universelles, c'est-à-dire des causes et des réalités suprêmes. La vérité n'est que dans les idées, parce qu'elles sont des choses, elles sont assez d'identité à soi pour que notre intellect s'y conforme. Le sensible, on ne peut pas y développer un discours vrai, mais une croyance dans un mythe, d'où tout le discours est relevé dans le mythe de Timée. Le discours n'est jamais un logos, mais un muthos. [...]
[...] L'âme serait la médiation entre l'intelligible et le sensible. L'âme est invisible et immatérielle comme les idées, mais elle est en mouvement comme le sensible. L'âme est apte à rentrer en contact avec le sensible, et apparentée à l'intelligible, car inodore et incolore. En fondant l'universalité de la vérité sur la transcendance de l'idée à l'égard de la multitude des âmes individuelles, Platon a manqué une conception intellectuelle : si l'objet se règle sur l'organisation des facultés de connaissance commune à tous les hommes (comme être fini et raisonnable), c'est l'immanence même de l'objet par rapport au sujet : l'universalité de droit, caractéristique de la vérité. [...]
[...] Certes, la vérité ne se joue pas par rapport à la chose en soi. L'espoir platonicien d'un accès immédiat, passant par- dessus l'apparence grâce à une intuition intellectuelle, est balayé. Mais la vérité, désormais, n'est pas pour autant un phénomène quelconque comme chez protégeras, mais une construction réglée des apparences d'après les lois communes d'êtres finis. Avec l'idéalisme transcendantal, la raison spéculative renonce à l'absolu de la chose en soi pour mieux s'assurer le terrain modeste de l'objet phénoménal. Néanmoins, on peut parler de vérité, car l'erreur est toujours possible. [...]
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