Chaque personne ne commence pas par découvrir la réalité telle qu'elle est, mais entretient un rapport au monde qui est déjà mêlé d'un certain nombre de croyances qui ne sont pas des savoirs, puisqu'ils n'ont pas été vérifiés, mais qui sont pourtant des idées préétablies que l'on se fait sur le monde essentiellement formées à partir de notre éducation.
C'est en ce sens là que l'accès à la réalité doit passer par une première étape qui est la prise de conscience des illusions – donc des erreurs qui constituent notre « savoir » du monde (je mets le terme savoir entre guillemets parce qu'évidemment, vous l'aurez compris, il ne s'agit nullement d'un savoir, mais simplement de croyances illusoires). Donc, un premier (très grand) pas sur le chemin de la vérité est celui de la prise de conscience de toutes les fausses croyances qui occupent notre esprit, et dont il va falloir se débarrasser pour faire place à un authentique savoir.
C'est la raison pour laquelle toute connaissance est toujours la correction d'une croyance antérieure, et n'est que très rarement la première idée que l'on se fait de ce que l'on cherche à connaître. Voici donc comment fonctionne la connaissance : elle ne fait que corriger des croyances antérieures que l'on croyait vraies, mais qui vont se révéler, pour une raison ou pour une autre, fausses. Les deux questions qui se posent à ce moment-là de notre réflexion sont les suivantes :
- Comment distingue-t-on une croyance vraie d'une croyance fausse ? Voilà toujours cette question des moyens d'accès à la vérité, que l'on appelle aussi la recherche des critères de la vérité...
- Qu'est-ce qui permet, qu'à un certain moment, je sois prêt à abandonner mes anciennes croyances – fausses, donc – pour les remplacer par des croyances que je prendrais, cette fois, bien soin de vérifier ?
[...] On va voir dans la suite comment Platon va justifier ce constat qui peut sembler irrationnel, absurde. Explication du texte -Socrate : Maintenant, repris-je, représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. [...]
[...] Par conséquent la science expérimentale qui repose sur l'induction repose en réalité sur un principe (la nature est uniforme) que cette science expérimentale ne peut pas expliquer, qu'elle ne démontre pas. Autrement dit les vérités scientifiques ne correspondent à aucune certitude absolue : les lois de la nature ne sont que des hypothèses. Mais alors à quoi sert-il de les rechercher ? Dès lors la conception de la vérité sur la base de la vérification doit être dépassée. Ni la vérité- cohérence du rationalisme, ni la vérité-vérification de l'empirisme ne permettent une connaissance absolument certaine sur les choses. [...]
[...] Ce problème est le suivant : l'homme désire-t-il la vérité ? Aussi si l'on résume le questionnement qu'il faut se poser, en philosophie, à propos de la notion de vérité, on pourra dégager les deux questions suivantes, ordonnées ici de manière logique : L'homme désire-t-il connaître la vérité et si oui, alors : Comment fait-il pour parvenir à l'atteindre (question des moyens de la vérité) ? I L'illusion et non pas la vérité est l'état ordinaire de l'homme : lecture de l'allégorie de la caverne de Platon. [...]
[...] G : C'est de toute nécessité. S : Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérit de leur ignorance. Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous ces mouvements il souffrira, et l'éblouissement l'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres. Que crois- tu donc qu'il répondra si quelqu'un lui vient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ? [...]
[...] La part de désir que comportait cette erreur est manifeste. On peut qualifier d'illusion l'assertion de certains nationalistes, assertion d'après laquelle les races indo-germaniques seraient les seules races humaines susceptibles de culture, ou bien encore la croyance d'après laquelle l'enfant serait un être dénué de sexualité, croyance détruite pour la première fois par la psychanalyse. Ce qui caractérise l'illusion, c'est d'être dérivée des désirs humains ; elle se rapproche par là de l'idée délirante en psychiatrie, mais se sépare aussi de celle-ci, même si l'on ne tient pas compte de la structure compliquée de l'idée délirante L'idée délirante est essentiellement nous soulignons ce caractère en contradiction avec la réalité ; l'illusion n'est pas nécessairement fausse, c'est-à-dire irréalisable ou en contradiction avec la réalité. [...]
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