Diverses passions régentent la vie humaine, tant par leurs influences conséquentes sur nos sentiments que par celles qu'elles exercent sur nos actes. La vengeance peut être considérée comme la plus puissante des passions, amenant une amertume pouvant pousser aux pires atrocités. La victime motivée par un désir de vengeance se fait justice elle-même dans le but de rendre la pareille à son agresseur en guide de réparation du dommage enduré. Comme la vengeance, sentiment défini par l'action par laquelle une personne offensée et pleine de rancœur inflige en retour une punition à son offenseur, est une forme de justice personnelle, elle subodore que la victime définisse elle-même la loi à laquelle elle obéit. Cette loi se confond avec la loi du Talion : « œil pour œil, dent pour dent », qui est une justice « privée » excluant la médiation de la justice établie avec ses codes et ses règlements, avec ses juges, ses tribunaux, ses institutions chargées de l'application des peines. Certes, la législation française interdit formellement la vengeance, c'est en effet l'État qui possède, comme le dit Max Weber, « le monopole de la violence légitime ».
[...] Pensons par exemple aux lois nazies sur la discrimination des juifs. Mais la vengeance met en danger la société tout entière : en effet, désobéir aux lois, c'est reconnaitre qu'elles sont défectueuses et inciterait tous les individus à faire de même. [...]
[...] Comme le dit Montesquieu : ( ) un homme dans la passion, n'est guère en état de voir au juste la peine que mérite celui qui offense La psychanalyse sur ce point vient confirmer nos dires, effectivement, elle voit en la vengeance une sorte de décharge émotionnelle mise en place pour échapper au traumatisme, à la douleur, de ce fait elle est donc totalement gouvernée par des pulsions et ne fait pas appel à la raison. La vengeance prive également le coupable du droit constitutionnel à la défense, le dépossédant d'une possibilité de justification de son acte, ou bien d'une plaidoirie pour chercher à montrer son innocence, car la victime utilisant la vengeance n'a pas forcément la lucidité nécessaire pour faire la part des choses. La vengeance est prohibée par la loi de manière logique et la justice se définit par un respect du droit. La justice se définit par sa tempérance et sa neutralité. [...]
[...] La vengeance peut-elle être une forme de justice ? Diverses passions régentent la vie humaine, tant par leurs influences conséquentes sur nos sentiments que par celles qu'elles exercent sur nos actes. La vengeance peut être considérée comme la plus puissante des passions, amenant une amertume pouvant pousser aux pires atrocités. La victime motivée par un désir de vengeance se fait justice elle-même dans le but de rendre la pareille à son agresseur en guide de réparation du dommage enduré. Comme la vengeance, sentiment défini par l'action par laquelle une personne offensée et pleine de rancœur inflige en retour une punition à son offenseur, est une forme de justice personnelle, elle subodore que la victime définisse elle-même la loi à laquelle elle obéit. [...]
[...] Le droit, défini comme l'ensemble des règles rendant possible la cohésion et la concorde au sein d'une société, ne peut s'affirmer que dans le silence des passions : en tant que détermination rationnelle des normes de la vie commune, il requiert l'emploi, en chaque individu, de la raison, faculté de saisir les exigences ultimes de l'organisation commune, et de les mettre en œuvre. De plus, le droit et les lois restent toujours loin des impulsions, des passions ne pouvant que perturber l'équilibre de la justice. La vengeance quant à elle est une réaction émotive individuelle, gouvernée par la passion et les sentiments. [...]
[...] La vengeance peut-elle alors être considérée comme une forme de justice ? Ou bien cela serait illégitime et impropre de ne pas se conformer à l'institution qu'est la justice, institution permettant de faire régner la cohésion au sein de la société et respecter les droits de chacun en sanctionnant ceux qui l'ont défié ? La vengeance peut être justice. En punissant l'agresseur, elle rétablit l'égalité brisée par le crime. Dans l'histoire, la vengeance est la première expression du désir humain de punir le crime. [...]
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