Le monde du travail est communément divisé en deux groupes : les travailleurs manuels et les travailleurs intellectuels. Ceux qui utilisent leurs mains et ceux qui se servent de leur intellect, de leur cerveau. Entre un ouvrier produisant un objet de consommation et un magistrat rendant justice, la différence semble évidente.
Qu'est-ce que le travail ? Il s'agit d'une activité aboutissant à une production utile à l'homme. Le travail est une activité humaine. L'abeille qui butine une fleur ne travaille pas dans le sens où elle ne fait qu'obéir à ses instincts. Or le travail implique une réflexion, une conscience de sa finalité qui en font une activité typiquement humaine. Le travail implique également une part de fatigue et de souffrance : « Tu mangeras à la sueur de ton front », dit la Bible. On retrouve cette notion de souffrance dans l'étymologie du mot travail : le terme latin « tripallium » désigne en effet un instrument de torture.
[...] Que vaut l'opposition du travail manuel et du travail intellectuel ? Le monde du travail est communément divisé en deux groupes : les travailleurs manuels et les travailleurs intellectuels. Ceux qui utilisent leurs mains et ceux qui se servent de leur intellect, de leur cerveau. Entre un ouvrier produisant un objet de consommation et un magistrat rendant justice, la différence semble évidente. Mais au-delà de la différence première que constituent les moyens utilisés, qu'est-ce qui rend cette différentiation légitime ? [...]
[...] Dans l'opinion commune, ce travail est légitime et se justifie de lui-même en tant que travail, dans le sens où activité physique implique fatigue, et que ce travail aboutit à une production, quand bien même celle-ci ne serait pas utile. Le travail intellectuel désigne un travail accompli par le cerveau. Contrairement au travail manuel, le travail intellectuel n'a pas une légitimité évidente dans l'opinion commune, car il n'aboutit pas à une production concrète. Quand peut-on alors, ou pas, parler de travail intellectuel ? Prenons d'abord le cas d'un moine. [...]
[...] Ceci montre que si l'opposition du travail manuel et du travail intellectuel est bien réelle, cette opposition n'est pas nette, elle n'est pas clairement définie. Cette opposition a-t-elle donc lieu d'être ? Effectivement certaines professions contredisent l'opposition : le travail de médecin est-il plus manuel (par les opérations) ou intellectuel (par les diagnostics) ? Manuel et intellectuel ne sont finalement peut-être que deux manières d'exercer une même notion : le travail. L'un n'a de sens sans l'autre : un architecte dessinant un plan sans maçon pour les réaliser n'a pas plus de sens qu'un maçon n'ayant pas de plan pour construire une maison. [...]
[...] Par exemple, le travail d'un député, qui est de produire des lois, n'aboutit pas à des productions concrètes mais à la production d'idées, les lois, utiles à la société. Ces définitions montrent que l'opposition du travail manuel et du travail intellectuel reste principalement basée sur les moyens de production. Mais on voit qu'elle est également basée sur une différence de production. Le premier aboutit à une production matérielle et concrète tandis que le second entraîne une production immatérielle ayant la forme d'une idée, d'un concept ou d'une théorie. [...]
[...] Or peut-on réellement dire que son activité constitue un travail, dans la mesure où il n'y au final, pas de production ? D'un autre côté, un ouvrier qui ne fait que répéter mécaniquement un geste qu'on lui enseigne, sans même connaître la conséquence de ce geste sur la production, exerce alors une activité automatique et non réfléchie. S'apparente-t-elle alors plus à une activité animale qu'à un travail humain ? Si la réponse à ce questionnement ne nous intéresse ici pas, il montre quand même que la définition du travail manuel admet autant d'ambiguïté que celle du travail intellectuel. [...]
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