Que vaut l’expression « savoir se tenir » ?

Résumé du document

Depuis notre tendre enfance, notre vie est rythmée par des reproches du type : « tiens-toi bien » ou encore « tu ne sais pas te conduire correctement »… En tant qu'enfant obéissant, nous essayions dans ce cas de nous corriger, de nous comporter d'une manière plus appropriée à la situation. Par exemple, nous sommes confrontés à ce genre de jugement lorsque nous mettons les coudes sur la table, ou encore lorsque nous sommes trop bruyants lors d'une réunion quelconque… Plus généralement, mal se tenir, renvoie au non respect de normes qu'une société s'est donnée, qu'elles soient sociales, culturelles, ou en particuliers morales. L'expression, savoir se tenir implique en effet un jugement des autres sur notre comportement, nos différentes actions, ou encore notre façon d'être au sein de la société.
Cependant, bien que l'expression soit courante, nous ne nous sommes jamais arrêtés sur son sens profond. Dans le cas de la mauvaise conduite, il semble incompréhensible que l'homme ne puisse pas se contrôler et soit même dépassé par son propre sujet, autrement dit, que l'on soit inconscient quand bien même on pense connaître la façon dont nous agissons. C'est pourquoi, il est intéressant d'élucider toute l'ambigüité de l'expression « savoir se tenir » tout en se demandant, comment l'Homme peut-il jouer à la fois le rôle de sujet et celui d'objet ?

Extraits

[...] Bien que l'expression s'adapte dans de nombreuses situations, elles se rapportent toutes à un même point, le corps matériel. En effet, savoir se conduire consiste à savoir jouer de son corps dans la communauté à laquelle nous appartenons. Incorporation est la façon de manifester dans son corps les règles d'un milieu Selon cette citation de Bourdieu, notre manifestation la plus simple est celle de l'espace et ce sont celles qui nous permettent d'extérioriser et d'exprimer ce que nous pensons, ressentons Que ce soit par le biais d'une gestuelle ou d'une expression du visage ou même du langage. [...]

[...] On pourra citer dans ce cas, le respect des autres passant notamment par la politesse. Mais que dire par exemple de la tenue vestimentaire ? On peut dès lors, estimer qu'en chacun de nous s'impose une tendance à chercher d'abord, ce qui s'accorde le plus à ses goûts et ses habitudes. À travers cette analyse, on constate qu'elle ne prend son sens que par l'existence d' alter ego qui porte un jugement sur nous, en tant qu'élément de la société. [...]

[...] Il veut en effet à tout prix éviter de tomber dans l'anarchie où toute organisation serait complètement annihilée et où tout serait permis. Pour ce faire, il faut absolument que chaque membre de la société se sente concerné par les différentes contraintes. C'est pourquoi, le jugement des autres et la mise en garde sur la façon de se comporter est indispensable. En outre, la question de la tenue a également, une connotation moralisatrice. La morale constitue en effet, la considération de l'existence de devoirs envers soir même, mais aussi envers les autres. [...]

[...] Selon Platon, le désir passionnel a des effets indésirables sur la conscience, et nous empêche de peser le pour et le contre, le bien et le mal de nos actes ou pensées. Par ailleurs, le sujet peut se trouver dépossédé. En effet, une personne dont l'emportement domine, se trouve généralement privé de tout scrupule, voire même de tout jugement envers lui-même. La personne perd, dans ce cas, tout son bon sens et devient incapable de prendre du recul par rapport à ses actes. Le feu des plus nobles passions comme celui des plus obscures, produit toujours un peu de fumée qui offusque notre raison. [...]

[...] Tout respect disparaît. De plus, la personne jugeant notre conduite, tente de nous remettre dans le droit chemin en avertissant, en quelque sorte, notre conscience morale. Nos juges extérieurs tentent de nous faire réagir sur nos actes, sur la façon de nous comporter en sollicitant notre juge intérieur autrement dit, notre conscience. Encore une fois, cela montre l'importance des autres dans notre construction mentale puisque ces derniers jouent le rôle de deuxième juge et nous permettent de nous remettre en question. [...]