Par définition, une utopie ne peut se réaliser, se concrétiser, puisque, sitôt qu'elle se réaliserait, elle ne serait plus une utopie. Ainsi on peut se demander si les utopies ne sont-elles pas inutiles ? (...)
[...] En redonnant confiance en la puissance inventive de l'esprit de l'homme et en la générosité de son coeur, elle soutient la dynamique sociale et préserve la conscience malheureuse de la désespérance. Conclusion Les utopies ne sont ni gratuites ni inutiles. Elles peuvent parfois se révéler oppressives, mais la véritable utopie, par le soupçon et la critique qu'elle instaure, est libératrice. Elle est un éternel principe d'espérance car toujours haut dressé sur les décombres d'une civilisation ruinée s'élève l'esprit de l'indéracinable utopie (E. Block, Le Principe d'espérance). [...]
[...] Les utopies sont-elles inutiles ? Introduction Par définition, une utopie ne peut se réaliser, se concrétiser, puisque, sitôt qu'elle se réaliserait, elle ne serait plus une utopie. Ainsi deviennent-elles synonymes de chimères. Dans ces conditions, on peut se demander si les utopies ne sont pas tout simplement inutiles. Les dangers de l'utopie A. L'utopie comme dogmatique réductrice ou totalitaire Si elle est toujours révolutionnaire (puisqu'elle vise à changer radicalement la société), l'utopie n'est pas nécessairement progressiste : elle peut être conservatrice, voire réactionnaire. [...]
[...] sont envers les arts correspondants. Reconnus indispensables dans les moindres constructions, comment les éviterait-on à l'égard des plus difficiles ? Aussi, malgré l'état empirique de l'art politique, toute grande mutation y est précédée, d'un ou deux siècles, par une utopie analogue, qu'inspire au génie esthétique (le l'humanité un instinct confus de sa situation et de ses besoins. Loin (le proscrire les utopies, le positivisme tend à les incorporer au régime normal, en facilitant à la fois leur essor et leur influence, d'après leur constante subordination à l'ensemble des lois réelles, comme en toute autre esthétique. [...]
[...] On peut ajouter qu'en tant que vision rassurante d'art avenir ordonné à l'homme en se penchant sur les eaux primordiales du rêve pour reprendre les mots de Jean Servier (Histoire de l'utopie, 1967), l'utopie peut être appréhendée comme une illusion servant de prétexte a esquiver le défi de l'histoire et à tenter de s'évader de cette dernière. En ce sens, G. Lapassade voit dans l'utopie une illusion d'achèvement destinée à compenser le sentiment d'inachèvement que l'homme doit aux particularités de son évolution, et R. Ruyer (L'Utopie et les Utopies, 1950) la rapproche de la schizophrénie, dans la mesure où en elle l'homme perd contact avec la réalité et se dissocie de lui-même pour se projeter dans une restructuration fantastique de son milieu (rappelons que les délires des schizophrènes sont souvent marqués par une hyper- rationalisation). [...]
[...] Il existe des discours utopiques officiels, constituant cette face de l'utopie. Ainsi en est-il du thème de la réforme sociale par l'éducation. On a pu avancer que le système éducatif est utopique en ce sens qu'il promulgue des règles et des valeurs qui sont dépourvues d'application dans la société réelle, et qu'il s'appuie sur une psychologie ne valant que dans son propre cadre. Dans ces conditions, l'utopie de l'émancipation et de l'égalité des chances par l'école apparaît n'être en fait qu'une machine du pouvoir consistant à faire passer le milieu disciplinaire d'enfermement, de mise en réserve, que l'école est dans ses intentions fondatrices pour le milieu spécifique propre à l'épanouissement de l'enfant (L'Utopie pédagogique de Schérer). [...]
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