Chaque année, le 10 décembre, la journée des droits de l'homme est commémorée à travers le monde, cette journée se réfère au texte de référence de l'organisation des nations unies (ONU) que représente la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH). Les droits de l'homme, selon la définition de droits naturels consubstantiels à la nature humaine, ont été proclamés par divers autres textes. Certains, comme Jean Bottéro, reconnaissent même aux droits de l'homme une origines très ancienne avec la reconnaissance théologique de droits fondamentaux dans le code d'Hammurabi ou la Décalogue de l'Ancien Testament. Parmi les nombreux textes on distingue généralement trois générations des droits en associant les textes des révolutions française et américaine à une première génération, la codification qui a suivie la seconde guerre mondiale à une deuxième génération, et l'on entend parfois parler de troisième génération en parlant de la reconnaissance des droits de solidarité comme le droit au développement mais cette notion est contestée. Nous allons ici nous interroger surtout sur la deuxième génération car elle comporte des textes non pas nationaux mais mondiaux. Ils posent donc nécessairement la question de l'universalité, celle-ci est proclamée clairement dans la DUDH, qui vise « tous les êtres humains ». Quels arguments sont posés pour, ou contre cet universalité ?
I les limites du discours universalistes
II Les limites du relativisme culturel
[...] Quelle pertinence garde alors des expressions courantes comme « la France, patrie des droits de l'homme » ? De même, à travers des exemples historiques, Amartya Sen démontre, dans son ouvrage La démocratie des autres, que ce qui caractérise une démocratie, c'est-à-dire le débat, « l'exercice de la raison publique », a existé dans des régions extérieures à l'Occident. Ainsi il montre que la démocratie, dans un sens plus large que le régime, ou plutôt les principes fondamentaux de la démocratie peuvent se développer dans de nombreuses formes de société et possèdent donc des racines universelles. [...]
[...] C'est ainsi que la DUDH est le texte le plus traduit au monde, diffusé partout, et même envoyée cette année au sein de la station spatiale internationale. « Quel meilleur symbole que cette déclaration placée au-dessus de l'humanité ? » interroge l'ambassadeur français chargé des droits de l'homme, justement la conquête spatiale ne paraît pas être le symbole de l'universalité mais bien plus une préoccupation occidentale, surdéveloppée par les États-Unis lors de la guerre froide. Cet universalisme est en plus complètement discrédité par le non respect des droits de l'homme des états qui les prônent. [...]
[...] Ainsi le secrétaire du programme de développement des Nations Unis déclarait : « Même s'il a le droit de vote, un jeune homme atteint du sida, analphabète et affamé, est loin d'être libre. Même si elle gagne assez pour vivre, la femme dont le quotidien est marqué par la violence et qui n'a pas son mot à dire sur la façon dont son pays est gouverné n'est pas libre non plus. » La lutte pour les droits de l'homme demande donc un effort politique sur tous les plans. Soixante ans après l'adoption de la DUDH, il est plus que temps de dépasser les discours et de mettre les principes en pratique. [...]
[...] L'exemple du gouvernement Bush, qui autorise la torture au nom de la lutte contre le terrorisme, et donc de la promotion de la démocratie et des droits de l'homme, est marquant mais pas isolé. L'universalisme est ainsi discrédité par son exploitation politique par des pays qui ne les respectent pas eux-mêmes. Derrière cette instrumentalisation politique il y a aussi une question de fond : tous les droits proclamés sont-ils compatibles ? Le débat est courant autour de la compatibilité entre sécurité et liberté, mais la question s'est posée aussi lors de la publication récente par la presse de caricatures de Mahomet entre liberté d'expression et de religion. [...]
[...] Si on peut entendre l'argument de l'attachement au collectif, celui-ci n'empêche pas les droits civiques, ainsi la liberté de pensée et d'expression pourraient être pensées sous forme collective avec des syndicats, des élections libres, une liberté d'association, or ce n'est pas le cas, la philosophie confucéenne ne justifie en rien l'utilisation de la torture, les détentions arbitraires ou la peine de mort. Quant à l'argument économique il fut aussi utilisée contre la démocratie, elle fut parfois critiquée car considérée comme une frein au développement économique. Ainsi Lee Kuan Yew, ancien président de Singapour, affirmait qu'il y a un lien de causalité entre le totalitarisme de certains États comme la Corée du Sud et son développement économique, et à l'inverse le laxisme politique de la Jamaïque et ses difficultés de développement. Ce raisonnement est d'ailleurs nommé théorie de Lee. [...]
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