Dans la pensée commune, le travail est souvent lié à la notion d'effort, de contrainte dans laquelle l'homme ne choisit pas ses conditions de travail et a pour unique but de gagner suffisamment d'argent pour bien vivre, pour se payer des loisirs, seules sources de bien-être.
Cependant, admettre ceci reviendrait à percevoir le travail comme moyen du bonheur. Pourtant, force est de constater que les hommes passent le plus clair de leur temps libre à flâner, se reposer ou se divertir : des actions ne demandant aucun effort. Ainsi, pourquoi travailler, avec l'idée de ne rien faire par la suite ? Ne serait-il pas plus judicieux de ne jamais rien faire ? Mais qui se proposerait de ne rien faire de sa vie ?
De là découle l'idée que le travail est une fin en soi, et apporterait un bien-être dans le simple fait d'être exécuté. Mais alors, pourquoi le travail est-il constamment et uniformément perçu comme une contrainte ?
[...] Dans un premier temps, le travail est donc perçu comme outil, moyen pour parvenir au bien-être. Revenant à l'origine du monde, Platon, dans le Protagoras, allègue que l'homme, oublié des dieux, n'a eu que la raison pour créer, grâce au travail, les outils lui permettant de faire face à la menace animale. Le travail a donc permis à l'homme de survivre en créant ce qui ne lui a pas été donné à l'origine. Le travail permet ainsi à l'homme de se nourrir, de dormir sous un abri, de subvenir à ses besoins vitaux. [...]
[...] Pourtant une grande majorité de la population actuelle travaille. Il semblerait donc que le travail apporte de nombreux avantages dans sa seule pratique. Le travail serait alors praxis et non poesis. En effet, le travail permet à l'homme de s'épanouir, de se réaliser, d'exprimer son identité. Dans la dialectique du maitre et de l'esclave, Hegel démontre que c'est par le travail que l'esclave se prouve à lui-même, mais aussi aux autres qu'il est un être doué de conscience. Dans le travail qu'il effectue, l'esclave imprime son sceau, le sceau de son identité. [...]
[...] Parce que cette dernière ne lui apporte rien. Par exemple les freeters japonais, qui sont des chômeurs professionnels estimant que le reste de la population produit suffisamment pour leur permettre de survivre, sont rejetés de la société. On les accuse d'être immoraux et inutiles. On retrouve la valorisation de l'utilité dans l'idée de la main invisible développée par Adam Smith. Selon lui, c'est en travaillant que l'homme satisfait ses intérêts personnels, mais aussi contribue à l'enrichissement de la société. Le même argument justifie le travail à la chaîne : chaque homme a un rôle fondamental dans la création du produit final. [...]
[...] De fait, pourquoi les hommes travaillent-ils ? Ya t-il un sens au fait de travailler pour se payer du temps à ne rien faire ? En ce sens, on pourrait supposer que le travail à lui seul apporte le bien être, étant une fin en soi. Dans un second temps, c'est une tout autre vision du travail qu'il convient de mettre en avant. Puisque les hommes ne font rien durant leurs loisirs, ils pourraient tout aussi bien cesser de travailler et consacrer leur temps à une sorte d'oisiveté permanente. [...]
[...] Derrière les quelques contradictions que l'on trouve dans le discours de la société sur le travail se cache une logique de maintien du pouvoir. Ainsi l'État prône un travail acharné ne laissant place qu'à un loisir passif, évitant ainsi toute réflexion, esprit critique et remis en cause. Comme le disait Nietzsche, dans Aurore : le travail est la meilleure des polices. Pourquoi travaillons nous ? La réponse la plus immédiate à cette question semble être que l'homme travaille pour survivre, qu'il est contraint de travailler à cette seule fin. [...]
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