« Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus ». Saint-Paul édicte, dans ses Epîtres, l'universalité du travail : chacun se doit de produire un effort, qu'il soit homme ou femme, enfant ou vieillard. Peu à peu, la tradition laborieuse s'est ancrée dans les sociétés du monde entier, remplaçant l'antique coutume d'une civilisation qui reposait uniquement sur le travail des esclaves. Désormais, ce concept désigne l'activité productrice de l'homme, par laquelle il subvient à ses besoins, en transformant la nature, et en s'imposant un effort. Il se distingue notamment par sa forme réglée, et par son caractère de contrainte – si je travaille, c'est par devoir, par nécessité.
Cet attribut astreignant d'impératif fait problème. En effet, puisque l'homme se voit forcé de travailler pour parvenir à vivre décemment, puisque les sociétés modernes tendent à se définir comme des sociétés du travail, dans lesquelles la nécessité impérieuse du travail n'est jamais questionnée, l'homme ne perd-il pas sa propre existence à poursuivre une richesse chimérique, qu'il ne semble pouvoir obtenir qu'en travaillant sans relâche ?
En d'autres termes, ne perd-il pas, paradoxalement, sa vie, alors qu'il tente de la gagner, par l'action du travail ?
Si, dans une perspective matérialiste, le travail semble consacrer l'abandon de la liberté de l'homme au « dieu travail », en est-il véritablement de même, lorsque le travail s'observe comme une valeur humaine ? Sinon, nous abonderions dans le sens de Dominique Méda, consciente de l'influence sourde et délétère du travail dans les sociétés modernes.
[...] Travailler, est-ce perdre sa vie pour la gagner ? Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus Saint- Paul édicte, dans ses Epîtres, l'universalité du travail : chacun se doit de produire un effort, qu'il soit homme ou femme, enfant ou vieillard. Peu à peu, la tradition laborieuse s'est ancrée dans les sociétés du monde entier, remplaçant l'antique coutume d'une civilisation qui reposait uniquement sur le travail des esclaves. Désormais, ce concept désigne l'activité productrice de l'homme, par laquelle il subvient à ses besoins, en transformant la nature, et en s'imposant un effort. [...]
[...] Quoi qu'il en soit, le travail fonde une certaine croissance économique que Smith nomme richesse des nations Cette augmentation de la production industrielle est permise par les lois du marché : il s'agit de la thèse de la main invisible qui pousse les producteurs à coopérer afin de s'enrichir En quelque sorte, l'égoïsme des acteurs du jeu économique et les lois du marché conduisent paradoxalement à une harmonie sociale, à l'autorégulation d'une société qui travaille à l'intérêt de chacun. De fait, pris séparément, les intérêts de chacun portent atteinte à l'efficacité du marché ; en revanche, lorsqu'ils se confrontent, ils mènent naturellement à une concurrence, qui ne peut qu'être profitable à la société. Autrement dit, l'opposition des intérêts individuels agit en direction de l'intérêt général, et par là, à l'intérêt de chacun. Une question reste pourtant en suspens: à quoi aspire réellement chacun ? Quel est le but de tout individu, lorsqu'il s'intègre au marché ? [...]
[...] Si la Chine progresse plus lentement, si elle se réclame encore du maoïsme, si son économie se définit comme socialiste de marché, son adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce le 1er janvier 2002 assoit les réformes prises depuis la mort de Mao Zedong en 1976. La Chine a bel et bien traversé le gué comme le souhaitait Deng Xiaoping, et rejoint le camp libéral. Ainsi, dans les pays autrefois communistes, le travail capitaliste reprend tous ses droits. Observer la nature de l'organisation internationale est édifiant. [...]
[...] Par là, le travail capitaliste prive l'homme de son humanité. Cependant, la critique marxienne ne porte pas sur le travail, mais plutôt sur la propriété. Le travail est, certes, le prolongement de l'existence humaine, mais l'instauration de la propriété a mené inéluctablement à un travail capitaliste de nature différente. Karl Marx s'inspire de Proudhon, avec qui il entretient une correspondance assidue au début des années 1850. En effet, dans son ouvrage Qu'est-ce que la propriété l'anarchiste autodidacte, notamment avec sa célèbre formule la propriété, c'est le vol condamne le rôle que joue la propriété dans l'exploitation de l'homme par l'homme. [...]
[...] Par conséquent, il est possible d'inquiéter nos sociétés qui tendent à se définir comme des sociétés du travail. Puisque la quête du bonheur est devenue universelle, le malheur généralisé par la société moderne semble annoncer l'échec de ce genre de sociétés, dès lors que ladite société n'a plus suffisamment de labeur pour se satisfaire. Aussi sommes-nous conduits à nous interroger : le travail n'occupe-t-il pas désormais une place trop importante, et donc néfaste ? Le travail, en effet, se présente actuellement comme la valeur centrale de toute société, un fait social total dirait Mauss. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture