"Vivement la retraite!", telle est l'exclamation que l'on entend sur nombre de lèvres des travailleurs blasés ou fatigués, qui, le moment venu, avouent s'ennuyer et s'empâtent... Le travail est une drogue douce qui se consomme au quotidien - métro, boulot, dodo - si bien que l'on ne se demande même plus pourquoi l'on travaille, mais on travaille. Les réponses à cette question données par de nombreuses personnes seraient sans doute édifiantes: que cherche-t-on en travaillant? La réponse la plus fréquente est qu'on le doit, que l'on y est obligé, parce qu'il faut bien vivre... Le travail serait donc essentiellement subi. Mais alors comment expliquer le bénévolat? Cette forme de travail exercée volontairement n'est pas réductible à une nécessité. Et en même temps, comme c'est le cas dans de nombreux métiers, ce n'est pas non plus le plaisir que procure cette activité qui en est la seule motivation. Le travail est rarement ce qu'on voudrait qu'il soit, pourtant on préfère supporter ses contraintes, ses règlements, les remarques désobligeantes (voire les dépressions!) qu'il peut occasionner que de ne pas en avoir. Alors pourquoi travailler? La première motivation semble être surtout économique. Mais il semble aussi exister d'autres raisons, raisons dont on nous persuade qu'elles sont bonnes et justifient la valeur du travail.
[...] Autrement dit, peu importe le travail, peu importe qui il enrichit (et Max Weber développe l'idée de la naissance d'un éthos bourgeois): il faut travailler car c'est un commandement divin. o Mais le travail peut-il n'être qu'une succession d'activité dans lesquelles l'homme ne trouverait aucun intérêt ? On voit cependant la limite d'une telle conception du travail, aveuglant le travailleur par sa justification théologique. Selon Hannah Arendt, il ne peut y avoir de travail qui ne serait que du travail. Hannah Arendt s'est intéressée au travail dans les camps nazis, qui forçait l'homme à un travail insensé, gratuit, abrutissant et répétitif. Le seul but était devenu la survie. [...]
[...] Autrement dit, contrairement à ce que préconisent des idéologies diverses, le travail devrait ne pas scléroser mais apporter à l'homme la possibilité d'exprimer son "élan vital", ou "penchant dionysiaque", qui sont ambition, motivation, invention, imagination, profusion . L'enjeu est donc de voir pourquoi un travail intéressant et formateur vaut mieux qu'un travail ennuyeux. III ) L'homme travaille parce qu'il y trouve l'occasion de s'améliorer o Le travail comme effort pousse l'homme à se dépasser On commence à entrevoir la portée véritable de cette interrogation sur les raisons qui poussent l'homme à travailler. [...]
[...] Dans ce monde également le travail est ennuyeux et dégradant: on pense au travail à la chaîne par exemple. Devant les reconversions professionnelles que l'on a déjà évoquées, les désirs d'autre chose, l'augmentation du nombre de joueurs qui espèrent "tirer le gros lot" et arrêter de travailler, on voit que les individus aspirent à autre chose qu'un travail qui ne serait que moyen; toutefois il ne peut pas non plus être une eupraxie (praxis qui rend heureux) immédiate. Hannah Arendt comme Nietzsche ne nient pas la pénibilité intrinsèque au travail. [...]
[...] Le travailleur doit comprendre le caractère proprement humain de son activité. Le paradigme du vrai travail pour Marx est l'activité artistique. L'utopie voudrait que chacun travaille six heures par jour puis s'adonne à l'art. Ce qui semble donc manquer aux travaux ennuyeux c'est leur capacité à faire intervenir la capacité imaginative et innovatrice du travailleur, à laisser une part plus large à l'humain qu'à la machine. C'est donc un travail sur l'être que préconise Marx: le travail doit produire un être plus qu'objet, une conscience plutôt qu'une production échangeable. [...]
[...] II ) Le travail comme activité humaine, appartenant à l'essence même de l'homme o Le travail comme activité non pas utile mais bonne en elle- même : point de vue moral Il s'agit alors de réfléchir à une conception du travail comme activité noble non pas par sa production de richesses mais en elle-même, pour ce qu'elle est. L'idée est simple: si l'homme travaille, ce n'est pour rien de concret, de palpable. Il faut trouver une justification à cette activité qui ne soit ni naturelle ni économique ou vitale (soit bassement matérielle). [...]
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