Notre société repose entièrement sur le travail, conçu comme activité spécifique destinée à produire les biens indispensables à la vie des hommes. Le travail fonde si bien notre société, qu'il en est l'horizon ultime au sens ou l'objectif suprême et indiscuté, est de produire au maximum afin de dégager un maximum de profit à l'exclusion, ou peu s'en faut, de tout autres considérations. Le travail intéresse notre société au sens ou il est le vecteur de son enrichissement : le travail produit un intérêt au sens financier du terme.
Néanmoins, paradoxalement, le travailleur, celui qui permet cette activité de production, ne peut réaliser aucun bénéfice par son travail puisque seule sa force de travail est rémunérée. Dès lors, comment expliquer qu'il se résigne au travail, alors qu'il pourrait se contenter des aides sociales ?
[...] Nous ne travaillons donc jamais que par intérêt. Si l'homme ne devait rien attendre de son travail, il orienterait son activité vers d'autres productions, qui seraient alors des créations (puisque les besoins ne seraient plus à combler), peut-être même préférerait-il consacrer son énergie à l'action politique (Cf Aristote et Arendt). Mais cet intérêt, qui nous pousse au travail, se limite-t-il à la sphère de l'avoir ? L'intérêt que l'homme porte au travail, n'est-il pas plus intimement lié à son être ? [...]
[...] L'homme travaille par nécessité Néanmoins, l'humanité semble destinée au travail. La nature semble avoir pris toutes les dispositions pour contraindre l'homme au travail, pour l'engager dans une activité destinée à imprimer sa marque sur le monde naturel. En effet, comme en témoigne le mythe de Prométhée (lire le Protagoras de Platon), l'homme est naturellement démuni : il est nu, sans fourrure, ni écailles, désarmé, sans crocs, ni cornes. Sa seule chance de survie lui vient du vol fait aux Dieux des arts et de feu. [...]
[...] Le produit de son travail lui demeure étranger. Le travailleur est aliéné, dépossédé de lui-même, dans la mesure où il l'est de son travail. Le travail de l'ouvrier ne lui est pas payé ; seule sa force de travail est rémunérée. Le travail de libérateur, qu'il était, est devenu aliénant. Les formes modernes de la production ont perverti l'essence principielle du travail. En effet ces formes de production séparent la conception idéelle de l'objet de sa réalisation concrète (elle- même parcellée en tache infinie). [...]
[...] (Différer la satisfaction et donc policer la société, enrichir les puissants Finalement l'apologie du travail ne correspond-elle pas exactement à ce qu'on appelle une idéologie ? Ainsi ne travaille-t-on réellement que par intérêt ? Seul l'intérêt semble être à même de nous pousser au travail Le travail est d'abord conçu comme déplaisant Nous ne travaillons jamais pour rien, et surtout pas pour le plaisir. Toute peine mérite salaire, que celui-ci soit pécuniaire ou symbolique. L'origine du mot témoigne de la dimension pénible du travail. [...]
[...] Il faudrait alors conclure en affirmant que si l'on ne travaille que par intérêt, c'est alors que notre intérêt n'est pas bien compris. [...]
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