« Tout être qui vit est obligé d'accomplir un certain travail », ceci d'après André Gide. Pour l'homme, cela va au-delà, car le travail est la forme que prend le commerce de ce dernier avec la nature. Il opère donc une méditation entre l'Homme et le monde, mais plus que cela entre l'Homme et lui-même. Le travail, dans notre société, désigne toute activité dès l'instant où elle est socialement rentable. Ainsi, l'ouvrier, l'employé, l'enfant qui apprend à l'école travaillent.
Le travail est une activité humaine qui se distingue du jeu ou des loisirs, il correspond à une transformation de la nature ayant pour finalité la satisfaction de nos besoins. L'expression « gagner sa vie » signifie couramment subvenir à ses besoins (justification économique), avoir un métier rémunéré capable de répondre aux premières nécessités de notre existence. Il est difficile d'associer l'expression « perdre sa vie » à la notion de travail.
Pour autant si le travail doit bien être distingué du jeu c'est qu'il peut être vécu comme une contrainte, comme une tâche pénible et douloureuse et à l'extrême comme une torture. On peut, à ce titre, rappeler son origine étymologique qui s'avère éclairante. Il vient du terme latin « tripalium » qui désignait l'instrument qui, en maintenant le bétail, permettait de le soigner ou de le ferrer.
[...] Que fait-on exactement en travaillant ? Est-ce qu'on ne met pas sa vie au service d'un autre pour être rémunéré ? Ne faudrait-il pas dire alors que pour gagner sa vie, il faut, paradoxalement, commencer par la perdre en travaillant ? Le travail est une nécessité, car y renoncer serait renoncer à soi-même. En effet, le travail définit l'homme comme celui qui refuse les dons extérieurs. L'Homme à l'inverse de l'animal, préfère avoir à inventer et à réaliser un monde différent de celui qui lui est offert. [...]
[...] En travaillant, je perds mon être en assumant, tel un rôle, une fonction dans la société. Le travail est une nécessité, il est une obligation sociale. Marx, dans cet extrait, rappelle dans quelle mesure le travail et la liberté peuvent être opposés l'un à l'autre. Le domaine de la liberté commence seulement là où cesse le travail qui est déterminé par la nécessité et la finalité extérieure ; d'après sa nature, ce domaine se situe donc au-delà de la sphère de la production à proprement parler matérielle. [...]
[...] Le travail ne peut être réduit à sa dimension contraignante. Il n'est pas seulement moyen nous permettant de gagner notre vie, d'accéder à la propriété et de satisfaire nos besoins les plus essentiels. Il est aussi une fin dans la mesure où, à travers lui, l'Homme se réalise. Si, au sens économique, on gagne sa vie en travaillant, ce gain n'est qu'une des conséquences du travail ; car en travaillant, avant tout, on se réalise, on réalise son talent en exprimant ses facultés. [...]
[...] De plus, cette acquisition lui permet de gagner du temps. Mal apprivoisé à ses débuts, le machinisme ne faisait transparaître de lui qu'une vision néfaste. Mais, Bergson en fait voir l'aspect positif : ce gain de temps permettait à l'ouvrier de s'intéresser intellectuellement et culturellement au monde qui l'entoure. Ainsi, ce dernier pouvait profiter de son temps et s'ouvrir au monde, ouvrir son esprit et ne pas tomber dans le schéma métro-boulot-dodo Pour Bergson, il fallait cependant une réelle volonté pour parvenir à cela. [...]
[...] Le travail permet la conscience de soi et de s'extérioriser. L'Homme accède à lui-même en travaillant, en s'imposant un rythme. L'Homme se libère de tous ses liens : la liberté ne se donne pas, elle s'acquiert. En effet un salaire, versé en fin de mois, permet à un individu d'accéder à la mobilité, l'alimentation, aux loisirs. Cependant, le travail est dû à la disproportion existant entre les ressources naturelles et les besoins d'un groupe humain. Comme Rousseau le confirme, l'apparition du travail est liée à la mise en place des premières sociétés : dès que les hommes se rassemblent, la nature ne suffit plus à satisfaire leurs besoins. [...]
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