"Travail" vient du latin populaire tripalium, qui désigne d'abord un appareil formé de trois pieux servant à maintenir les chevaux difficiles pour les ferrer, puis un instrument de torture. Cette dernière définition marque la tradition judéo-chrétienne dans laquelle le travail est un châtiment. Le travail est ainsi souvent associé à la contrainte, mais il semble qu'aujourd'hui, le châtiment ne soit plus dans le travail, mais dans sa privation. Privé d'emploi, l'individu est stigmatisé comme inutile à la société et à lui-même.
[...] Mais le tournant vraiment décisif dans l'histoire est la division entre travail intellectuel et travail manuel, car dès que certains hommes s'appuient sur une idéologie pour présenter leur domination sur d'autres comme normale, la polyvalence initiale des êtres humains est niée et devient de plus en plus difficile à restaurer, alors qu'elle serait plus juste. Pour Durkheim, la division du travail est le fait qui donne à l'individu moderne sa véritable place dans l'ensemble social. Quel que soit le point de vue abordé, l'intérêt de défendre le culte du travail est double pour les puissants : justifier l'exploitation et faire accepter la discipline sociale. II/ LA TECHNIQUE Technique vient du grec tekhnê, désignant les arts au sens ancien et global du mot. Le savoir faire est donc l'élément indispensable à la présence d'une technique. [...]
[...] Marx et, à sa suite, les théoriciens du marxisme soulignent à ce propos que l'état des techniques de production, à une certaine époque et dans une société donnée, est l'infrastructure qui commande toutes les superstructures culturelles (idées politiques, juridiques, morales, religieuses, artistiques ) de cette société, au moment de l'histoire considéré. Le matérialisme marxiste consiste à affirmer que c'est l'infrastructure technique qui détermine, en dernier ressort, toute la division en classes, tous les conflits, tous les aspects de la culture. III/ TRAVAIL ET TECHNIQUE On peut dire qu'il n'y a pas de travail sans technique. Mais l'inverse est moins sûr. On peut souvent identifier dans les activités ludiques des opérations techniques, physiques mais aussi mentales. [...]
[...] Mais il semble qu'ils ne travaillent pas. Travail et technique sont les deux faces d'une même réalité humaine : les activités productrices. Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau attribue à la spécialisation une origine contingente et des effets désastreux à ses yeux, ce processus a bénéficié d'une particularité spécifiquement humaine, la "perfectibilité" c'est-à-dire la capacité d'apprendre et de se perfectionner indéfiniment. Il en résulte le luxe, production d'objets inutiles et origine d'une inégalité croissante. [...]
[...] L'outil (l'organon en grec) est un complément de l'organisme : le bâton est le prolongement du bras qui frappe ou écarte, l'hameçon est le prolongement du doigt recourbé. Il y a donc une origine biologique de la technique qui n'est que l'épanouissement, chez un être intelligent, des procédés d'adptation au milieu propres à tous les êtres vivants. En revanche, la machine déshumanise l'homme. Tandis que l'artisan s'affirme et se reconnaît dans ses oeuvres, l'ouvrier d'usine dépossédé des produits de son travail et de son travail lui-même, s'abrutit dans des tâches mécaniques et répétitives qui sont la négatio n même de la vie. [...]
[...] Cette dernière définition marque la tradition judéo-chrétienne dans laquelle le travail est un châtiment. L'Eternel punit le premier pêché en chassant Adam du jardin d'Eden et en l'obligeant à cultiver désormais une terre maudite qu'envahissent les épines et les chardons. "Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front" dit Dieu à Adam (Génèse 19). Le travail est ainsi souvent associé à la contrainte mais il semble qu'aujourd'hui, le châtiment ne soit plus dans le travail, mais dans sa privation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture