On se représente généralement la vie idéale comme une vie où on n'aurait pas besoin de travailler, où le loisir prendrait toute sa place. La notion même de travail, en référence à son étymologie (de tripalium, qui désignait un instrument de torture) est connotée négativement, elle est synonyme de labeur, souvent pénible, dont chacun voudrait bien se passer. Mais ce qui semble être un désir individuel peut-il valoir pour la société dans son ensemble ? Aussi peut-on se demander si l'on peut et doit réellement préférer une société sans travail. D'un côté la notion même de société semble reposer sur celle de travail. Que serait en effet une société sans travail ? La satisfaction des besoins humains ainsi que la formation et l'éveil de l'esprit sont solidaire de l'effort, indispensable pour dépasser des conditions de vie naturelles plutôt hostiles. Par ailleurs, l'activité même du travail a des vertus sociales qui rendent souhaitable sa généralisation. A cet égard, on peut se demander dans quelle mesure la société a besoin du travail pour fonctionner. Néanmoins, le travail en société présente aussi une dimension aliénante : ennuyeux, parfois mal payé, ne doit-il pas être opposé au loisir et ne faut-il pas chercher à s'en libérer ? (...)
[...] Autrement dit, l'homme ne peut-il pas se réaliser dans son travail en dépassant l'opposition artificielle entre travail et loisirs ? III Une société sans travail aliénant 1 ) Société et contrainte Les psychanalystes ont bien remarqué, depuis Freud, que la société de consommation et les pratiques de loisir qu'elles propose jouent activement sur l'infantilisation des êtres humains. En mettant l'accent sur le jeu et sur la possession de biens matériels, cette société maintient les individus dans l'enfance à travers deux aspects : l'illusion d'une absence de contrainte dans les activités ludiques et la satisfaction des pulsions les plus immédiates ( orales liées à la nutrition - et sexuelles notamment Or, Freud l'avait bien remarqué, ce qui permet à un homme de se construire, de dépasser le stade de l'animalité et de l'immédiateté ce sont les interdits: ceux-ci, en renvoyant la satisfaction des pulsions à plus tard, donnent à réfléchir et permettent à l'énergie psychique de s'investir dans des buts plus élevés et à plus long terme. [...]
[...] Elle se cultive, presque au sens propre du terme, c'est à dire qu'il faut la faire fructifier comme le fait l'agriculteur avec les germes et les semences, promesses de richesses à venir. La plupart des arts, le fait même de les apprécier et d'y prendre plaisir en constitue un excellent exemple. Nous pouvons penser également à la recherche scientifique qui nous permet de maitriser en partie les effets négatifs de la nature ( famines, cataclysmes, maladies . Autant de dimensions de l'activité humaine qui indiquent le lien indissociable entre culture et travail. Transition : Puisque le travail est une dimension essentielle à la société, on imagine mal une société sans travail. [...]
[...] Or, cela passe par une remise en cause des inégalités sociales, mais aussi de l'excès de spécialisation, de la désimplication des citoyens de la vie politique le refuge dans la vie privée et les loisirs s'apparentant à une régression dans l'enfance etc. Cette remise en cause passe par un travail d'éducation, de transformation des institutions politiques, de participation active à la démocratie. Rendre le travail plus libre est une tache complexe et probablement à renouveler à chaque génération. Néanmoins, l'humanité repose sur cet idéal. [...]
[...] et à l'intérieur même de ces domaines, il existe de nombreuses spécialités, du fraisage à la manipulation de machines informatisées, de l'enregistrement comptable au contrôle de gestion, de la publicité au démarchage. Cet exemple peut ensuite être généralisé, la vie économique fonctionnant sensiblement sur le même modèle. C'est d'ailleurs ce qui pose problème au moment de l'orientation, lorsqu'on ne sait pas ( ou qu'on a pas envie de choisir ) dans quel domaine on veut se spécialiser. Pourquoi est-ce un problème? [...]
[...] Cette fable donne à réfléchir sur le lien entre travail et loisir. Elle suggère également que leur rapport à la liberté et à la servitude est plus complexe qu'il n'y paraît. En effet, ce qu'on appelle les loisirs correspond-il véritablement à du temps libre au sens fort du terme temps où nous exercerions pleinement notre liberté alors que le travail est un moment d'asservissement? On peut vraiment se poser la question, à considérer les pratiques liées aux loisirs aujourd'hui. Regarder la télévision, jouer aux jeux vidéos, partir en voyage . [...]
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