Un acte libre est un acte dans lequel le sujet peut se reconnaître. Il y a par conséquence servitude quand le principe de mon action se trouve hors de moi (ex : l'esclavage). Or, le travail passe nécessairement par une soumission à des conditions que je n'ai pas voulues, que je n'ai pas espérées, qui ne relèvent pas de mon propre pouvoir. Tout travail est dépendant du temps (le travail demande du temps). Le temps n'est que le signe de l'affrontement à la matière (vaincre la matière ne peut se faire que dans le temps) (...)
[...] Je ne peux pas transgresser les lois de la nature. Néanmoins, je peux faire en sorte de les connaître, de les comprendre afin de les utiliser. Connaître ces lois, c'est être par conséquent en mesure de s'en libérer. Le travail repose sur des lois contraignantes : les intérioriser, se les approprier est une façon de s'en libérer on commande à la nature en lui obéissant écrit BACON dans son Novum Organum). C'est pourquoi, le déterminisme ne contredit pas la liberté : le travail se fait en suivant des lois de la nature qui sont déterminées. [...]
[...] Sujet : Le travail n'est-il que servitude ? Dans Une Journée d'Ivan Denissovitch Alexandre Soljenitsyne rapporte les conditions de travail des hommes : par le ventre vide etc. Cependant, il rapporte de son héros que tout en construisant ce mur, il y trouvait une joie. Bien plus, pour l'amour du travail bien fait, cet homme a couru le risque de se retrouver au cachot. Cet épisode met en évidence trois possibilités : le travail vécu comme contrainte ; le travail vécu comme libération individuelle au sens où le sujet s'accomplit dans son travail ; le travail comme réalisation sociale et libération collective. [...]
[...] Bref, le travail n'est-il pas ce qui garantit l'humanité de l'homme ? En luttant contre la nature par l'intermédiaire de l'outil, l'homme fait deux choses simultanément :il modifie le réel en dehors de lui (il s'affranchit de ce réel) ; il imprime sa marque à la nature, humanise le monde dans lequel désormais l'homme se reconnaît. Peut-être n'apprécions nous véritablement la nature qu'à travers l'activité humaine ; peut-être recherchons nous dans un paysage la trace de l'homme oubliant de le regarder pour lui-même. [...]
[...] Le travailleur est un rouage de la société. L'autarcie absolue n'existe pas et tout travail rentre dans un processus d'échange (le travail se distingue ainsi du bricolage et dans une moindre mesure de l'art). Ce n'est que dans la mesure où quelqu'un réalise quelque chose exclusivement pour soi qu'il sort du principe de servitude. Tout travail répond à des conditions qui dépendent de l'acheteur. Le travail est perte de soi car il ne permet pas de se reconnaître vraiment. Il y a aliénation non seulement parce que le travail est acheté mais aussi parce que le travailleur n'est pas rémunéré à la part correspondante de son travail. [...]
[...] Or, celui- ci ne peut se faire comme homme que dans la mesure où il participe à la collectivité. La réalisation ne peut être réelle que si elle est sociale, d'où l'exaltation socialiste du travail : l'homme y trouve sa dignité autant qu'il participe à la construction de la société. MARX rappelle que ce qui fait l'homme, ce sont le langage et le travail car ce sont deux activités d'échange. Celui qui ne travaille pas sera perçu comme bénéficiant d'une réalité sociale à laquelle pourtant il ne participe pas. [...]
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