Depuis la révolution industrielle jusqu'au milieu des années 1970, nos sociétés ont été structurées autour du modèle de travail salarié, impliquant une séparation de la sphère professionnelle et de la sphère privée ainsi que la domination du travail dans la détermination de l'identité sociale des individus. La globalisation et la révolution technologique ont fait éclater ce modèle : la demande de travail est désormais plus sélective mais aussi plus exigeante. Elle risque de laisser de côté une fraction importante de la main-d'oeuvre alors que nos sociétés continuent d'être structurées autour du travail. Face à cette situation, un certain nombre de voies peuvent être explorées pour rechercher un nouvel équilibre (...)
[...] L'effet O'Ring oblige, en outre, les entreprises à n'employer que les meilleurs. L'exacerbation de la concurrence conduit à l'éviction des salariés consciencieux dont les résultats sont seulement dans la moyenne. Ainsi, au sein d'une catégorie de qualification, les perspectives d'emploi et de carrière divergent entre les salariés les plus performants et la masse des autres L'INÉGALITÉ PAR LE TRAVAIL Alors que le travail salarié avait constitué l'opérateur principal de réduction des inégalités, ses évolutions contribuent désormais à réouvrir et à élargir l'éventail de celles-ci. [...]
[...] Cette césure entre le travail et l'environnement familial et social permet d'envisager le travail comme un bien échangeable. Dès le milieu du XIX e siècle apparaissent ce que l'on nomme significativement les bourses du travail Cette évolution de la notion de travail permet à la science économique classique qui émerge à cette époque de penser le travail comme un facteur de production et la rémunération comme le prix qui équilibre une offre et une demande. Ce basculement du travail de la sphère sociale (le travail comme une activité menée au sein de la communauté de vie) à la sphère économique (le travail comme activité professionnelle et moyen de subsistance) va être accentué à la fin du XIX e siècle et au début du XXe siècle avec le mouvement d'organisation scientifique du travail. [...]
[...] La mise en oeuvre d'un ambitieux programme de redistribution par la fiscalité au cours des années 1960 et 1970 n'a, elle, été possible que par la généralisation étendue du travail salarié. En effet, celle-ci rend les agents économiques transparents à l'égard de l'administration fiscale, permettant alors pleinement la progressivité du tarif fiscal Le travail a fait figure d'espace de socialisation privilégié Aujourd'hui, le pourcentage de salariés dans la population active occupée est compris entre au Royaume-Uni, et aux États-Unis). Cette domination progressive du travail salarié a conféré à la communauté de travail une fonction de socialisation très importante, fonction qui a été renforcée pendant les trente glorieuses par la stabilité des rela tions contractuelles entre l'entreprise et le salarié. [...]
[...] De fait, c'est l'entrée des femmes à l'usine durant la première guerre mondiale, puis l'extension de leur entrée sur le marché du travail après guerre, qui vont marquer le début du mouvement de libéralisation féminine. La question de l'accès au monde professionnel ne va par la suite cesser d'être le pivot non seulement du mouvement féministe, mais également des aspirations de la population féminine. L'insertion professionnelle des femmes a été depuis lors perçue par celles-ci comme un moyen privilégié d'accession à l'autonomie, non seulement matérielle mais aussi sociale. [...]
[...] De fait, depuis l'apparition puis la persistance d'un taux de chômage important, l'idée d'un découplage entre revenu et activité professionnelle progresse. Les revenus minima en Europe continentale (sur le modèle du Minimex belge institué en 1978 et du RMI français de 1989), les systèmes d'impôt négatif aux États-Unis et les différents compléments financiers à l'activité (par exemple la prime à l'emploi) constituent autant d'avancées sur cette voie REFONDER LA SOCIÉTÉ SUR DES VALEURS ALTERNATIVES AU TRAVAIL Les notions de revenu de citoyenneté ou d'allocation universelle sont sous-tendues par l'idée qu'un certain nombre de fonctions sociales très importantes ne peuvent rentrer dans le cadre de l'économie marchande et qu'il appartient à la société d'organiser leur reconnaissance selon des modalités spécifiques. [...]
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