Rousseau, (1712-1778), dans son Essai sur l'origine des langues, écrit que ne rien faire est la première et la plus forte passion de l'homme après celle de se conserver. Si l'on y regardait bien, on verrait que c'est pour parvenir au repos que chacun de nous travaille : c'est encore la paresse qui nous rend laborieux. Est-il légitime de penser que le véritable lieu de l'émancipation humaine se situerait hors de la sphère du travail ? (...)
[...] Prométhée, Titan bienfaisant envers les hommes, trouvant que les animaux étaient pourvus avec beaucoup de sagesse, mais que l'homme était nu, sans chaussures, sans vêtement, sans défense prit le parti de dérober aux dieux les sciences propres à conserver sa vie c'est à dire la technique, ainsi que le feu et de les donner aux humains : Ainsi notre espèce reçut l'intelligence qui s'applique aux besoins de la vie Prométhée symbolise la révolte des hommes contre la tyrannie de la matière, l'élan de l'humanité partant à la conquête du monde. - La technique permet-elle de maitriser la nature ? [...]
[...] Ainsi les anciens Grecs étaient ils attentifs à ne pas violenter la nature pour ne pas s'attirer la colère des Dieux. Prométhée qui ne l'avait pas compris, paya des ses souffrances le secret du feu qu'il osa transmettre aux hommes. Il fut puni du larcin qu'il aurait commis, et se retrouva enchaîné au sommet du Caucase et livré aux vautours. Aujourd'hui encore, une certaine peur face à la technique subsiste et s'accroît : peur de la voir polluer, détruire notre environnement, corrompre nos âmes, enchaîner nos libertés, menacer nos vies . [...]
[...] Nous sommes encore des sujets mais pour combien de temps encore : L'ensemble du processus technique est pour nous hors de prise, hors de contrôle, mais le sujet originellement central, mesurant reste encore debout, visible : conquérant conquis par sa conquête. Il émerge encore quelque temps avant d'être nivelé. [ ] Provisoirement, il est sujet utilisé, exploité, consommant et consommé. C'est pourquoi nous ne savons pas bien qui sera l'homme de demain quand il n'aura plus du tout sa figure de sujet. Pour le moment il reste le sujet. [...]
[...] La naissance de la physique mathématique au XVII siècle permet l'optimisme : Descartes rêve de rendre l'homme comme maître et possesseur de la nature Une telle idée était étrangère à la pensée antique. Les anciens Grecs étaient conscients de l'écrasante infériorité des forces humaines face aux éléments naturels (éruptions volcaniques, inondations, tremblements de terre). Leur mot d'ordre fut de laisser faire la nature. Aristote, au IV av J. C. considère que, de toute façon, la nature est d'une perfection indépassable. L'artisan ne peut au mieux que l'imiter. Depuis environ cinq siècles, l'essor continu des sciences et des techniques a modifié de fond en comble notre conception de la nature. [...]
[...] Le travail, comme la technique, porte sur la matière. La matière, c'est ce qui est voué à la dégradation du temps, donc d'entrée de jeu, le travail, comme la technique, est dévalorisé, jugé indigne de l'homme libre. Pour Platon, le corps est bien inférieur à l'esprit, il n'est que la prison de l'âme. Donc le travail, qui nous asservit à la nécessité, au besoin de vivre dans un monde matériel (le monde de la caverne pour Platon) est objet de mépris. [...]
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