Nos sociétés contemporaines distinguent le travail de l'oeuvre d'art. En réalité, par nature, le travail semble aliéner l'homme par son caractère répétitif. L'art, quant à lui, le sublime. Pourtant peut-on se résoudre à de si simples raccourcis, et de ce fait, dissocier le travail et l'oeuvre d'art par facilité intellectuelle ? La tendance commune qui consiste à les opposer est à proscrire. Il est bien simple, trop simple, de dire que le travail est mercantile, là où la pratique de l'art est agréable. Étymologiquement, le travail "tripaliare" n'a pas bonne réputation. Il est une "torture", une contrainte. Pour les chrétiens, le travail est une punition de Dieu : conséquence du pêché originel (...)
[...] L'œuvre n'est pas indépendante, elle correspond au travail fait sur les autres œuvres avant elle. L'œuvre a un rapport avec un langage et des mœurs et donc doit être l'objet d'un précédant travail. L'œuvre dépend donc du travail. Elle n'est pas le produit d'illusionniste. L'auteur de l'œuvre ne serait pas créateur dans la pensée de Macherey (Pour une théorie de la production littéraire Chapitre L'artiste n'illusionne pas comme le fait le faiseur d'ombre. L'artiste crée quelque chose à partir d'un travail et non pas d'illusions. [...]
[...] A chaque produit du travail, il n'y a rien à ajouter, rien à enlever, rien à commenter, car le produit a été fait de telle sorte que le consommateur n'est nul besoin de revenir dessus. Alors que la critique donne de la légitimité à l'œuvre, elle n'en donne sûrement pas au travail et même, lui ôte. L'œuvre devrait être incomplète et informe, il lui suffirait de la compléter pour la réaliser. Ainsi, elle diffère du travail. Lorsque l'homme pense au travail, il pense contrainte, servilité. Mais le travail ne se réduit pas seulement à cela. Le travail, en tant que métier se rapproche légitimement de l'œuvre d'art. [...]
[...] Au bout d'un certain nombre d'années, le champ ressemblera de moins en moins à son allure d'origine et de plus en plus à un carré cultivé et bien contrôlé de toute part. On pourra appeler cela œuvre, car ce résultat sera l'œuvre de l'humain. La nature aura été transformée de telle sorte que les mauvaises herbes seront devenues semences. C'est en cela que le travail peut se transformer en œuvre. On remarque aussi que l'œuvre peut servir le travail. Les outils, issus de la création, notamment, sont utiles et même indispensables au travail. Bien sûr, on ne peut pas dire qu'une création comme le ciseau soit une œuvre d'art. [...]
[...] Finalement, le travail n'est-il pas le seul moyen d'engendrer l'œuvre d'art ? En fait, cette question montre bien que la définition du travail a été souvent estropiée. On pense que le travail ne se réduit qu'au fait d'aller chaque jour accomplir son métier, et on voit le terme travail comme cela. En réalité le travail est une activité qui fournit un monde artificiel d'objets différenciés du milieu naturel. Cette définition ouvre un large champ au travail et l'on comprend alors que l'on peut le rapprocher à l'œuvre d'art. [...]
[...] Cependant, on ne peut pas nier que l'œuvre possède un certain caractère déterminé. Il y a là, la spécificité d'une œuvre d'art, le fait qu'elle ne soit ni préméditée, ni improvisée : L'art est nécessité libre. C'est à dire que l'œuvre a été réfléchie avant d'être créée mais que l'artiste n'a pas forcément envisagé tout son contenu en une seule fois. Pour être plus précis, le roman, par exemple, ne s'écrit pas en une pensée, mais c'est une chaîne de pensées émanant de la création et du regard du spectateur qui crée et approfondit l'œuvre. [...]
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