Il est intéressant tout d'abord de noter que le mot travail vient du latin ‘tripalium' qui veut précisément dire instrument de torture à trois pieux. Cette origine étymologique est symptomatique du fait que, jusqu'au XVIII siècle, la notion de travail était bien souvent associée aux notions de fatigue, de peine et de douleur. On pensera notamment à la tradition catholique, pour qui le travail ne serait qu'une punition infligée à l'homme afin de permettre sa rédemption. Cependant cette vision des choses va évoluer à partir du XVIII siècle et l'avènement de la philosophie des Lumières. En effet, c'est à compter de cette période que l'on va enfin pouvoir conceptualiser le travail comme un moyen d'accomplissement, d'affirmation de soi par un dépassement dans l'effort : l'on peut ainsi citer Voltaire, qui, dans Candide, affirme que le travail délivre les hommes de l'ennui et les éloigne des vices : ‘L'homme n'est pas né pour le repos'. Dés lors va se développer une philosophie du travail comme libérateur et constitutif de bonheur et de jouissance. Cependant, dans un même temps vont également apparaître les très célèbres théories de Marx sur le travail et l'aliénation qu'elle amène/produit chez l'homme.
Il y a donc un conflit de pensée très important, un clivage sur cette notion qui subsiste toujours actuellement : opposition entre ceux pour qui le travail n'est qu'un mal nécessaire, indispensable à la survie en société et entre ceux pour qui le travail donne de la valeur à une personne, permet son épanouissement personnel. Et la question se pose donc de savoir si le travail put constituer quelque chose de positif pour l'homme. Néanmoins la frontière entre les deux réponses possibles est-elle si tranchée ? N'est-il pas plutôt pertinent de penser, à l'instar de Marx que ce serait la société qui, en instaurant certaines conditions de travail aurait dénaturé la valeur du travail ? C'est sur cette optique bien précise qu'il conviendra d'étudier tout d'abord dans une première partie les thèses considérant que le travail a une portée négative car constituant une privation de liberté (I) avant de voir que ces notions sont à relativiser car le travail peut être considéré avant tout comme une composante inhérente de la liberté individuelle de chacun (II).
[...] Avoir un travail, c'est donc primordial pour survivre, on peut songer au cas des étudiants, qui, beaucoup, doivent prendre un travail à côté pour pouvoir financer leurs études et tous les coûts qui vont avec. Toutefois, ces perceptions quelque peu négatives du travail sont à relativiser. En effet, quand l'on regarde les positions de Marx ou des syndicats, on peut observer dans leurs revendications qu'il n'est nullement question d'abolir le travail : ainsi, la critique de Marx ne porte pas sur le travail, mais plutôt sur la société bourgeoise qui a créé les conditions d'exploitation du travailleur qui sont donc à supprimer. [...]
[...] Dès lors, il est ressenti par beaucoup que certains travails n'ont plus aucun intérêt et sont donc en voie de disparition (cordonnier, cireur C'est dans ce contexte que plusieurs philosophes ou penseurs actuels ont cherché dans leurs écrits à esquisser des solutions à ce problème. Ainsi, dans son ouvrage au titre très explicite, le travail, une valeur en voie de disparition, publié en 1995, Daniel Méda propose une organisation du travail fondée sur une égalité de l'accès à l'emploi et le développement d'autres modes de distribution des revenus ce qui permettrait ainsi de créer un nouvel espace public permettant aux citoyens de découvrir un autre réseau de sociabilité pour ainsi reconstituer le lien social. [...]
[...] Le travail libère-t-il ? La question vaut la peine d'être posée, car beaucoup de thèses et de croyances ont posé le postulat que le travail en tant que tel constitue une négation absolue de la liberté de chacun, soit aliénant ou du moins ne constitue qu'un mal nécessaire de notre société pour survivre Le travail qui aliène Le travail comme aliénant, ce sont bien entendu avant tout les théories de Marx contre la société industrielle et le travail à la chaîne qui portent atteinte à la dimension humaine du travail et excluent tout épanouissement de l'individu, qui est alors mis sur le même plan que la machine : dans la théorie marxiste, l'ouvrier est aliéné par le fait qu'il dot travailler pour un autre du fait de la propriété privée qui n'est que le résultat d'une fausse construction sur les rapports des hommes, sans en retirer de bénéfices ou d'apport personnel. [...]
[...] A un niveau plus actuel, récent, on peut citer la publication en 1960, d'un traité de sociologie du travail écrit par Naville et Friedmann qui souligne ainsi le fait que le travail est ce qui constitue le principal soubassement sur lequel s'appuie le développement du lien social dans le monde contemporain. Le travail représente ainsi un moyen d'autonomie, économiquement et socialement libérateur. L'on pensera ainsi aux jeunes qui par le travail trouvent un moyen d'indépendance, aux femmes qui s'émancipent, aux handicapés qui réintègrent la société socio-économique par le travail et les exemples sont nombreux. [...]
[...] Cela est par ailleurs accentué par certains discours d'hommes politiques par exemple notre actuel président de la République qui a défini le travail comme quelque chose qui rend fier, qui donne un but, qui exprime la valeur de l'homme. Le travail est donc une valeur centrale de la vie sociale, mais il n'en reste pas moins que malgré la connotation positive qu'il peut avoir, le travail n'est pas perçu par tout le monde comme ça, et ce, pour des raisons valides. L'on parle donc aujourd'hui du travail à redéfinir. [...]
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