L'on sait comment, dans la Bible, l'homme fut chassé du Paradis, et tout à la fois condamné à devoir vivre en travaillant. Plus prosaïquement, il est de fait que les hommes ne peuvent satisfaire directement leurs besoins; ils ne peuvent le faire que par la médiation du travail. Même les activités de chasse, pêche ou cueillette demandent la confection d'instruments qui ne se trouvent pas tout faits dans la nature.
Ainsi l'homme doit travailler pour satisfaire ses besoins les plus vitaux. Mais on se demande si le travail n'est pour l'homme qu'un moyen de subvenir à ses besoins?
[...] Conclusion Sur le plan philosophique, le travail n'est pas conçu simplement comme le moyen de subvenir aux besoins des hommes. S'il présente aussi cette dimension, il ne devient proprement humain qu'une fois qu'il s'est affranchi de l'empire du besoin physique immédiat. Cette analyse abstraite peut être interprétée comme la preuve a contrario que le travail actuel des hommes n'est pas, dans sa grande majorité, à la hauteur de leur humanité, si l'on en juge par le fait que beaucoup s'épuisent à gagner juste de quoi vivre, ou que d'autres ne voient dans leur travail que la lente usure des mêmes gestes répétés, dans l'attente exaspérée des prochaines vacances ou de la retraite. [...]
[...] Nombreuses sont à travers le monde les pratiques sociales du travail que l'on peut à juste titre qualifier d'inhumaines ; nombreux sont encore ceux qui, pour subvenir à leurs besoins les plus primaires, sont contraints de mener une vie qui n'est pas d'un homme. II. Travail, esprit, liberté. Le travail permet de produire des biens qui satisfont les besoins humains, ceux-ci ne pouvant pas l'être directement, contrairement à ce qui se passe dans le reste de la nature, par exemple pour les animaux. [...]
[...] Le travail de l'homme sur la nature est en même temps un travail sur lui-même : l'esprit en sort gagnant. Marx (1818-1883) est le philosophe qui, plus qu'aucun autre, a étudié le travail humain. Dans un premier temps, il règle ainsi la question du rapport entre travail et besoin ; dans les Manuscrits de 1844, il écrit : Certes, l'animal aussi produit construit son nid, son habitation, tels l'abeille, le castor, la fourmi, etc. Mais il produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui et pour sa progéniture . [...]
[...] Le travail comme nécessité commandée par la satisfaction des besoins. Le travail apparaît d'abord sous son aspect négatif: celui d'un labeur pénible auquel on ne se soumet jamais de plein gré. Le travail apparaît donc sous les traits de la contrainte. En ce sens, la vérité du travail relèverait de ces travaux forcés auxquels on condamnait autrefois certains prisonniers. On faisait accomplir les tâches les plus rudes à cette main-d'œuvre gratuite dont le travail contraint n'était pas sans rappeler celui de l'esclave. [...]
[...] Le travail est donc le moyen humain de satisfaire des besoins, à la différence de l'animal. Mais c'est de ce fait aussi par le travail que s'exprime le mieux l'humanité de l'homme. Tout le paradoxe du travail est là : être de besoins, l'homme doit travailler pour les satisfaire. De ce point de vue, le travail est envisagé dans son rapport avec l'ordre des besoins, asservi aux contraintes naturelles, si peu humain qu'on le délègue à ces sous-hommes que sont les esclaves. [...]
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