Le travail et la culture sont-ils des concepts dissociables l'un de l'autre ?

Thèmes abordés

Travail, liberté, morale humaine, émotions, création, nature humaine, devoir, connaissance

Résumé du document

La culture ne désigne-t-elle pas l'ensemble des activités humaines telles que le travail, visant à transformer la nature ? Quant au travail, n'est-il pas une mise en pratique des savoirs issus de la culture ? Mais le travail et la culture sont-ils parfaitement indissociables ? Effectivement, ces deux entités visent-elles réellement un même intérêt ? La culture est-elle libératrice tandis que le travail est asservissant ? En effet, ce labeur qu'est le travail est souvent ramené à l'idée d'une contrainte d'autant plus éprouvante qu'elle est nécessaire pour survivre. Pourtant, d'autres contextes tels que le travail sur soi ou le travail créatif traduisent d'une manière de donner du sens à nos actes. La frontière entre culture et labeur est donc bien plus subtile que cela. Ainsi, le travail et la culture sont-ils des concepts dissociables l'un de l'autre ? Tout d'abord, nous verrons que le travail et la culture sont parfaitement liés par les émotions qu'ils transmettent. Puis, nous étudierons le travail et la culture comme dissociables par leurs intérêts divergents. Enfin, nous constaterons qu'au-delà de leurs différences, travail et culture se complètent en réalité.

Extraits

[...] En effet, celui qui doit consacrer sa vie à subvenir aux nécessités de la vie, celui dont le corps est un outil, en un mot l'esclave, ne peut être libre. Or d'après les mots de Simone Weil dans la Condition Ouvrière, le travailleur n'est pas libre, « j'ai reçu là pour toujours la marque de l'esclavage » dit-elle témoignant de sa propre expérience en tant qu'ouvrière. Ainsi, seul l'homme capable de se cultiver, d'étudier les arts, les sciences ou la philosophie et d'avoir du loisir est en mesure d'être libre. L'idéal de la culture humaniste se place clairement dans cette lignée. [...]

[...] Le malheur étouffe l'esprit et détourne la pensée. En effet, la pensée se répugne à l'accepter et fuit ce malheur dans le mensonge par instinct de conservation car accepter ce malheur ce serait accepter la mort de l'âme. Le malheur est vite recouvert par l'oubli. Ainsi , ce malheur incommunicable s'enferme dans le mensonge et prive les ouvriers de moyens d'exprimer la dureté de leur existence : « les ouvriers sont généralement muets sur leur sort ». Cependant au-delà du malheur le travail. [...]

[...] Le travail est donc un instrument de sociabilisation qui fait de l'être humain un être social. L'œuvre « Par-dessus bord » de Vinaver représente parfaitement cette idée à travers l'image que l'entreprise est en réalité une grande famille. Bien que de nombreuses et vives tensions apparaissent au cœur de l'entreprise, les employés sont tous attachés les uns aux autres. En effet, la relation entre Mme Bachevsky et Mme Alvarez, basée sur l'adversité, reflète malgré tout une grande amitié comme le suggère les paroles de l'une après le départ de l'entreprise de sa collègue : « Une partie de ma vie qui s'en va ». [...]

[...] Dans cette hypothèse la culture est donc une source de malheur pour l'Homme. Mais au-delà de cette hypothèse, qu'il est difficile de légitimer de par le fait que l'homme est bel et bien un être de culture, nous pouvons en revanche nous interroger sur les bienfaits de la culture. Tout comme le travail, la culture est une source de souffrance pour les hommes, physique et morale. En effet, malgré les règles et valeurs qui caractérisent et différencient les sociétés entre elles, l'homme civilisé est à l'origine de désastreux spectacles tels que les guerres, les crimes et l'esclavage. [...]

[...] Le travail et la culture sont-ils des concepts dissociables l'un de l'autre ? La culture, du latin « colere », est une entité dont la relation avec la nature et le travail a longtemps fait débat dans le monde philosophique du XXe siècle. En effet, tandis que dans l'Antiquité les philosophes Grecs distinguaient la Nature, ce qui pousse tout seul, de la convention, ce qui vient des Hommes, l'évolution des techniques au XXe siècle a rendu difficile la distinction du naturel et de l'artificiel mais également celle de la culture et du travail. [...]