Or, si le travail est une punition, comment peut-on justifier que certains hommes y prennent du plaisir et oublient même l'éventualité d'un retrait de la vie active ? Le travail ne serait-il pas dès lors considéré comme un but en soi ? Mais dans la situation économique actuelle, c'est-à-dire avec l'avènement du salariat, en quoi pourrions-nous considérer le travail pour autrui comme un but ? N'est ce pas là une forme du travail avilissante pour l'homme? Comment y percer un quelconque plaisir ? Ne serait-ce pas plus «humain» de se passer du travail ?
Nous nous proposons d'étudier dans un premier temps en quoi le travail correspondrait à une nécessité vitale de l'homme et ce qui en fait sa connotation de souffrance, et dans un second temps nous étudierons le travail comme but de l'homme, c'est-à-dire comme perfectionnement même de l'humanité. Il nous faudra enfin comprendre pourquoi le travail est néanmoins fui par la plupart s'il est dans son essence facteur de perfectionnement de l'homme (...)
[...] Comment expliquer alors que l'homme puisse être réduit à un état animal par le travail ? Pour répondre à cette question nous devons partir du point précédemment établi qu'un travail se fait à plusieurs ou s'insère dans un réseau social. Nous pouvons donc en déduire que selon la manière dont nous envisageons le travail nous construisons un certain type de société ou bien encore un certain type d'hommes. Si le travail nous fait homme, tous les travaux ne se valent pas. [...]
[...] Le travail serait donc un moyen pour accéder à la paresse absolue ? Mais ne pourrait-on pas «profiter» dès maintenant plutôt que d'attendre l'âge réglementaire ? On pourrait se contenter de manger, de dormir et de se reproduire à la manière d'un animal. Pourtant, bien que l'idée en ait séduit plus d'un, elle est tout à fait irréalisable: contrairement à l'animal, l'homme est pourvu d'une conscience, c'est-à-dire qu'il sait ce qu'il est en train de faire, ce qu'il pense. Par conséquent il ne peut pas être à une sorte d'état larvaire mais en constante ébullition. [...]
[...] Considère vraiment la cueillette comme un travail ? N'est ce pas simplement un geste naturel que font les animaux ? De même pour la chasse? Or, les animaux ne travaillent pas, ils répondent simplement à leur instinct de survie. En ce cas qu'est ce que le travail ? Si on s'en tenait à la seule définition du travail comme dépense d'énergie, toute chose qui possède la propriété “d'énergie” travaillerait : un cheval qui tire une charrue, l'ouvrier, le sportif, l'enfant qui joue. [...]
[...] Le travail peut-il être considéré dès lors comme un but en soi et non plus comme un moyen? Selon l'argument développé précédemment, pour que le travail soit source de plaisir, il faut qu'il soit propre à celui qui l'effectue. C'est-à-dire que ce que le travail crée doit appartenir à celui qui a fait l'effort de produire. D'où une sorte de «joie de créer : au terme d'un effort fastidieux, comme par exemple l'élaboration d'une dissertation de philosophie, le travailleur se sent comme libéré car il vient de créer, de finir, une tâche qui lui est personnelle puisqu'il l'a mené comme il l'entendait. [...]
[...] Pourquoi travaillons-nous ? Chassés de l'Eden où tout leur était acquis, Adam et Eve sont contraints de travailler, pour sustenter leurs besoins. Ce mythe biblique met en avant la caractéristique pénible et contraignante du travail dès lors perçu comme punition. D'ailleurs, le but de la plupart des hommes lorsqu'ils entreprennent de travailler (le travail étant intégré à l'économie politique depuis Adarn Smith au XVII0 siècle) est l'oisiveté d'une retraite dorée. On travaille dans le but de ne rien faire. Le travail comme moyen d'atteindre la paresse. [...]
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