Nous sommes tous contraints de travailler chaque jour. Le travail, cette activité productrice de l'homme par laquelle il subvient à ses besoins, reste d'abord une nécessité vitale. Mais il semble être perçu comme une forme de fatalité, un inéluctable labeur qui ne peut être évité. D'ailleurs, l'origine du mot travail suggère l'idée d'un assujettissement pénible. Il naît en effet du latin tripalium qui signifie instrument de torture. Il convient donc de s'interroger sur notre rapport au travail. Ce dernier est-il forcément associé à une forme de fatalité ? Autrement dit, en quoi peut-on le résumer en une lourde et pénible tâche ? Ne peut-on pas voir dans le travail une forme de libération, d'émancipation des contraintes de la vie ? Erigé en valeur dans nos sociétés contemporaines, le travail n'est-il pas intrinsèquement inscrit dans la nature de l'homme ? Pour tenter d'y répondre, nous verrons en quoi il peut conduire à une déshumanisation, négation même, totale de l'homme. Puis, analyserons son rapport destructeur à la technique. Enfin, nous expliquerons qu'il ne peut se limiter à cela et reste un outil de réalisation personnelle.
Avec la diversification des activités et l'augmentation de la population, s'est constituée au fil du temps une aristocratie dirigeante et l'organisation de la population en divers métiers. Cette division du travail qui signe la coopération entre les individus afin de satisfaire les intérêts particuliers aboutit à la dimension économique que nous connaissons aujourd'hui d'un modèle de l'emploi spécialisé, rétribué par un salaire. Au centre de la vie sociale et de la sureté économique, le travail reste dans ce cadre l'un des principaux lieux de rencontres et d'échanges : une activité toujours socialisée, productrice de lien social.
Pourtant, l'époque moderne et son industrialisation à tout vent ont transformé l'homme en ouvrier pressé par la productivité. Smith, Taylor et Ford voyant en lui une machine déshumanisée au service du profit. Son critique le plus avisé, l'économiste et historien allemand, Karl Marx, livre une analyse cinglante du système capitaliste dans Le Capital en dépeignant la réalité sociale de son époque. Il y décrit des propriétaires des moyens de production exploitant les salariés jusqu'aux bouts de leurs limites physiologiques pour un rapport entre rémunération et quantité de travail sans pareille. Le salariat appauvrit alors les travailleurs : saouls, ils répètent leurs gestes d'hommes aliénés aux bars ou en battant leurs femmes pendant que les enfants travaillent de nuit à l'usine.
Loin d'être une parenthèse dans l'histoire, cette réalité d'une époque est toujours d'actualité dans de nombreuses régions du monde (...)
[...] Tanguy HUGUES TES1 Pourquoi associer le travail à une forme de fatalisme ? Nous sommes tous contraints de travailler chaque jour. Le travail, cette activité productrice de l'homme par laquelle il subvient à ses besoins, reste d'abord une nécessité vitale. Mais il semble être perçu comme une forme de fatalité, un inéluctable labeur qui ne peut être évité. D'ailleurs, l'origine du mot travail suggère l'idée d'un assujettissement pénible. Il naît en effet du latin tripalium qui signifie instrument de torture. [...]
[...] Le travail nous libère donc de l'aliénation dont il est le signe. On oublie trop souvent l'identité sociale qu'il nous confère, nous permettant tout simplement d'exister dans le regard d'autrui. Mieux, il nous place dans la société comme ayant une fonction, répondant à un besoin pour la collectivité. D'ailleurs, privé d'emploi, l'individu se trouve stigmatisé comme inutile à la société. Alors nombreux sont ceux qui se dépensent sans compter dans leur travail, par conscience du but, par passion ou appétit pour l'entreprenariat. [...]
[...] Smith, Taylor et Ford voyant en lui une machine déshumanisée au service du profit. Son critique le plus avisé, l'économiste et historien allemand, Karl Marx, livre une analyse cinglante du système capitaliste dans Le Capital en dépeignant la réalité sociale de son époque. Il y décrit des propriétaires des moyens de production exploitant les salariés jusqu'aux bouts de leurs limites physiologiques pour un rapport entre rémunération et quantité de travail sans pareille. Le salariat appauvrit alors les travailleurs : saouls, ils répètent leurs gestes d'hommes aliénés aux bars ou en battant leurs femmes pendant que les enfants travaillent de nuit à l'usine. [...]
[...] Ce qui appelle à la nécessité de penser l'influence sourde du travail comme valeur. Mais attendons déjà que le machinisme lui-même développe les remèdes à ses propres inconvénients en délivrant totalement l'homme de ses tâches pénibles et répétitives. Si elles tendent à rejoindre cet objectif, la technique peut donc être vue comme un instrument de libération. Mais qu'en est-il du travail ? Dans la tradition judéo-chrétienne, le travail est un châtiment : Dieu punit le premier péché d'Adam en l'obligeant à manger son pain à la sueur de son front. [...]
[...] On comprend donc pourquoi, pour ces captifs, le travail est bien associé à un dur labeur du destin. Mais cette réalité semble bien s'être transformée dans nos contrées, tertiarisées avec notre économie et se transposer aujourd'hui aux activités de services, bâtissant des cadres emprisonnés dans un rythme, des tâches et une productivité obsédante, sans aucune possibilité de relâchement psychologique. Premier responsable, le machinisme, qui a certes augmenté la puissance de l'homme sur la nature, mais au prix de cette redoutable aliénation. [...]
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