Le travail est-il essentiel à l'homme ? Est-ce une activité indispensable à sa réalisation ? Correspond-il au contraire au temps de la nécessité en tant que moyen de produire les biens nécessaires à la vie ?
Le travail n'a pas qu'une valeur matérielle ; il ne sert pas qu'à produire de la richesse. Il a aussi une valeur morale, parce qu'il oblige à différer la satisfaction des besoins et qu'il force à persévérer pour aboutir. Autrement dit, le travail constitue une discipline. Par le travail, selon Alain, nous nous confrontons à la nécessité du réel, de sorte que travailler, c'est sortir du monde de l'enfance, dominé par le principe du plaisir. Aussi Kant voit-il dans la contrainte propre au travail une des conditions de l'éducation morale des enfants, condition que remplit l'école. Ce point de vue renverse la perspective chrétienne traditionnelle, telle que l'exprime la Genèse. Dans le texte de la Bible, en effet, le caractère pénible du travail constitue la punition infligée par Dieu à Adam pour lui avoir désobéi – « tu travailleras à la sueur de ton front ». Pour Kant, au contraire, c'est précisément le caractère contraint, non spontané, du travail humain qui lui confère sa valeur morale, et donc éducative.
[...] Marx remarque que ce qui distingue l'architecte le plus maladroit de la plus habile abeille construisant la structure géométrique parfaite de ses cellules de cire, c'est que le premier construit d'abord la maison dans sa tête. Le produit d'un travail correspond ainsi à la réalisation d'un projet. Marx reprend l'analyse de Hegel en affirmant que, dans le travail, l'homme transforme la nature en lui imposant sa marque. Le produit du travail constitue ainsi de l'humanité objectivée dans laquelle le travailleur peut se reconnaître. [...]
[...] Le travail : accomplissement ou contrainte ? Le travail est-il essentiel à l'homme ? Est-ce une activité indispensable à sa réalisation ? Correspond-il au contraire au temps de la nécessité en tant que moyen de produire les biens nécessaires à la vie ? Une tâche formatrice Le travail n'a pas qu'une valeur matérielle ; il ne sert pas qu'à produire de la richesse. Il a aussi une valeur morale, parce qu'il oblige à différer la satisfaction des besoins et qu'il force à persévérer pour aboutir. [...]
[...] Le travail est un moyen privilégié de la manifestation de soi. Dans cette perspective, il n'a pas seulement une valeur morale, mais aussi une valeur anthropologique. Pourtant, cette conception semble contredite par la réalité sociale de certains travaux, non seulement particulièrement durs et pénibles, mais qui empêchent également, par l'abrutissement qu'ils provoquent, la réalisation du travailleur dans son travail, mais aussi en dehors. Cela signifie-t-il que le travail n'a aucune valeur anthropologique essentielle ou bien faut-il constater, avec Marx, l'existence d'un divorce entre l'essence du travail et son organisation sociale ? [...]
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