« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire ; ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile ». J.J. Rousseau (Discours sur les inégalités). Et avec la société civile naissent les inégalités.
La question des inégalités occupe les esprits des penseurs depuis la naissance de la philosophie et intéresse particulièrement l'homme démocratique, car un des principes de la démocratie est l'égalité : « Les hommes naissent libres et égaux en droits » (Déclaration de droits de l'homme et du citoyen, article premier, 1789). De nos jours, c'est plutôt l'apanage des sociologues et économistes, car on tente de mener des politiques publiques qui seraient conformes à notre conception de l'égalité et de la justice.
Or il existe une idée commune sur le rapport d'équivalence entre l'égal et le juste, et ce déjà au temps d'Aristote. Ainsi, ce qui est inégal serait injuste. Mais cette affirmation se heurte à la relativité de l'idée d'égalité, car sa définition diffère autant que celle de la justice, selon les hommes, les époques, les sociétés, les philosophes… Nos choix politiques dépendent donc nécessairement de notre définition de ce qui est juste, qui ne fut pas toujours la même, on se rappellera des utilitaristes, des libertariens, et plus récemment de la « justice comme équité » de John Rawls. On peut donc se demander si ce rapport d'égalité entre le juste et l'égal est universel ; n'existe-t-il pas des inégalités justes ou des égalités injustes ?
[...] La liberté s'exerce entre citoyens, sur la place publique, c'est le fondement même de la démocratie antique. Mais il règne une inégalité criante dans la Maison, là où naît le citoyen. Or cette inégalité entre le maître de maison, donc le citoyen qui est un homme, et la femme ; entre le citoyen et ses esclaves ainsi que ses enfants est dite naturelle. Ainsi selon Aristote, toutes les inégalités ne sont pas des injustices, car certaines correspondent à l'ordre naturel des choses. [...]
[...] Ainsi, ce qui est inégal serait injuste. Mais cette affirmation se heurte à la relativité de l'idée d'égalité, car sa définition diffère autant que celle de la justice, selon les hommes, les époques, les sociétés, les philosophes Nos choix politiques dépendent donc nécessairement de notre définition de ce qui est juste, qui ne fut pas toujours la même, on se rappellera des utilitaristes, des libertariens, et plus récemment de la justice comme équité de John Rawls. On peut donc se demander si ce rapport d'égalité entre le juste et l'égal est universel, n'existe-t-il pas des inégalités justes ou des égalités injustes ? [...]
[...] C'est un idéal vers lequel la démocratie moderne tend, c'est son principe premier. Toute inégalité est alors vécue comme une injustice, car elle serait contraire aux principes fondamentaux de notre ordre politique : chaque voix a en principe la même valeur, ce qui suppose une égalité dans le statut des hommes . En cela l'idée d'un état naturel humain s'oppose complètement à la vision aristotélicienne de la justice, fondée sur l'inégalité entre les hommes. Selon la théorie de Rousseau, qu'il développe dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, en réponse à la question posée par l'Académie de Dijon en 1753 : Quelle est l'origine des inégalités parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle les hommes seraient sortis de cet état naturel par l'institution de la propriété, qui créa une inégalité factice. [...]
[...] Ainsi il faut parfois renoncer à l'égalité pour mener des politiques de justice sociale. Appliquer le principe d'égalité à tous, comme les aides sociales, ne réduirait pas les inégalités car les revenus de tous augmenteraient en même temps. Pour réaliser la justice sociale, on a donc plutôt tendance à raisonner en termes d'équité et non d'égalité. Le grand théoricien de la justice comme équité, John Rawls fut le premier à conceptualiser cette notion, dans la Théorie de la justice. Sa théorie de la justice remet en cause l'utilitarisme qui dominait jusqu'alors dans la philosophie politique, en tant que base d'évaluation ( A. [...]
[...] C'est son incapacité à choisir entre manger ou non qui constitue une injustice, ce que Sen appelle la privation de liberté substantielle Il en va de même pour nombre d'autres restrictions dues à la situation économique, au statut social, à la maladie, à l'ordre de répartition des biens et des rôles sociaux au sein de la famille, notamment concernent les filles. Sen prend en compte toutes les libertés, les libertés réelles dont jouissent les individus dans leur vie quotidienne et consistent à faire des choix qui ne sont pas poussés par la nécessité, alors que pour Rawls la justice est dans les libertés offertes décidées collectivement. Pour A. [...]
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