« Si tout se vaut, le cannibalisme n'est qu'une question de goût culinaire ». Léo Strauss par cette courte phrase résume le paradoxe qui alimente le débat entre relativisme culturel et hiérarchisation des cultures, demandant jusqu'où doit aller notre tolérance pour la culture de l'autre, même celle du cannibale quand on donne équivalence à tout système culturel.
L'UNESCO définit la culture comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. La culture est inextricablement liée aux êtres et à leur manière de penser, de voir les autres et la culture des autres. Les différends culturels sont autant de facteurs de guette et de mauvaises relations avec un voisin qu'un différend géopolitique. Les différences culturelles sont par ailleurs une source importante de créativité et de renouvellement quand deux cultures se rencontrent. Dans les deux cas, il s'agit de définir s'il y a supériorité d'une culture sur une autre qui justifie le rejet et la volonté hégémonique ou équivalence et donc échange.
Entre rejet et dialogue des cultures, le rapport à l'autre en termes culturels, de valeurs morales et de droits, est devenu, dans un espace mondial rétréci par les nouvelles technologies et la mondialisation, une question capitale.
Si une approche plus relativiste des cultures a permis de prôner la tolérance et le dialogue (I), cette tolérance porte en elle-même les germes de sa défaite et elle doit trouver des limites en hiérarchisant ses valeurs (II).
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L'ethnocentrisme a longtemps été la règle dans la façon qu'avait l'Occident de percevoir les autres, en les différenciant distinctement avec un regard supérieur : Grecs et les Barbares (barbaros, ceux qui ne parlent pas assez bien le grec, lange = grand facteur culturel), Chrétiens et Sarrasins, ... Lentement, un changement de regard sur les autres cultures et sur la possibilité de leur accorder une valeur et donc une reconnaissance équivalente se développent.
- « L'homme est la mesure de toute chose », Protagoras => le relativisme semble débuter par les sophistes, courant descendu par Platon et peu populaire/oublié par la suite. La culture est relative au peuple auquel elle appartient sans référence absolue (...)
[...] Donner une valeur égale à toute culture est un risque. Comprendre la culture de l'autre notamment les valeurs qui dérangent revient pour reprendre Mme de Staël à pardonner. Attitude dangereuse, si on pardonne tout, on oublie ses propres valeurs. Karl Popper, le paradoxe de la tolérance »dans The Open Society and Its Enemies : La tolérance illimitée doit mener à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l'impact de l'intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui Ici, accusation de faiblesse des relativistes qui se feront anéantir par leur attitude bienveillante. [...]
[...] Ce que propose Huntington dans son livre Le choc des civilisations il réfute l'idée d'une civilisation universelle, explique les succès et insuccès des pays en termes économiques ou démocratiques par leur culture et propose par la connaissance des différences d'atténuer les chocs. Cela ne passe pas par l'abandon des valeurs de chaque culture mais par des réajustements. Accorder de la valeur à chaque culture ne doit pas donner une valeur unique à toute et par là aucune. Il s'agit de reconnaître et respecter les autres cultures pour permettre le dialogue entre chacune. Toutes les cultures valent d'être étudiée, mais l'on doit éprouver une préférence pour l'une d'entre elles si elles doivent perdurer. [...]
[...] L'homme est la mesure de toute chose Protagoras le relativisme semble débuter par les sophistes, courant descendu par Platon et peu populaire/oublié par la suite. La culture est relative au peuple auquel elle appartient sans référence absolue. Cette perception des autres cultures en essayant de relativiser et donc de comprendre, au lieu de rejeter tout simplement au nom d'une hiérarchie des valeurs doit amener vers plus de tolérance. . rend possible plus de tolérance Tolérance : latin tolerare = supporter, donc admettre une façon de penser différente. [...]
[...] relation supérieur-‐inférieur de l'ethnocentrisme, mais une nouvelle où il y a toujours ce décalage mais motivé par de l'indifférence. Les cultures peuvent ainsi coexister et grandir de leurs échanges. La découverte des Arts Premiers et le respect qui leur a été attaché ont permis un renouvellement de l'art occidental, que ce soit pour Picasso, Max Ernst ou Fernand Léger. La tolérance doit mener au respect réciproque qui ne peut s'accomplir que dans la confrontation des idées, dans le dialogue, et non pas la fuite de la confrontation par une indifférence masquée. [...]
[...] Pourquoi tolérance est nécessaire ? Car son inverse, l'intolérance, entraîne dans le champ religieux dogmatisme, inquisition, intégrisme ; dans le domaine politique, mène à dictature, totalitarisme, dans le domaine des idées, entraîne disparition des minorités, uniformisation etc. Permet donc d'atteindre la société juste. Rawls, Theory of Justice, Elle doit même tolérer les intolérants (il prend l'exemple d'une secte intolérante qui se plaint de ne pas être tolérée) sinon c'est une injustice. Mais il pose cependant une limite : la société ne doit pas être contrainte à tolérer les membres qui participent à son anéantissement. [...]
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