Le sujet suppose qu'on prenne au sérieux la pluralité des cultures, qu'on reconnaisse au moins qu'il y a des cultures différentes qui méritent qu'on s'intéresse à elles.
On ne doit donc pas accorder d'importance à tous les points de vue qui rejettent dans la barbarie ou la sauvagerie (donc en dehors de l'humanité) les manières de vivre qui ne sont pas conformes à un modèle culturel de référence (ce que font par exemple les Grecs dans l'Antiquité) (...)
[...] On ne peut pas se contenter en effet de dire que toutes les cultures se valent au nom du respect que l'on doit à tous les hommes. Il faut bien en effet distinguer deux choses : 1)le respect a priori que l'on doit à tous les hommes, quelles que soient leur origine ; 2)la considération que l'on peut avoir raisonnablement pour telle ou telle culture. Ce n'est pas être raciste de montrer les travers de telle ou telle culture, surtout si on est capable de comprendre les défauts de sa propre culture (par exemple si on est capable, tout en vivant en Europe, de voir que les cultures européennes vivent dans le culte de l'efficacité et de la puissance). [...]
[...] Pourquoi ? Parce que, d'une part, soutenir que toutes les cultures se valent est le meilleur moyen pour laisser triompher la plus forte ( ce qui ne veut pas dire la meilleure) sans qu'on puisse lui opposer une résistance fondée en raison :paradoxalement, le relativisme culturel n'a rien à opposer (intellectuellement) à la culture qui sait s'imposer, non parce qu'elle est la meilleure, mais parce qu'elle est la plus forte. D'autre part, on ne peut faire l'impasse sur les relations entre les cultures : mises à part les cultures primitives qui vivent totalement en vase clos (mais n'est-ce pas leur principal défaut toutes les cultures sont en relation les unes avec les autres : dans cette relation, certaines cultures ne se montrent-elles pas plus attractives que d'autres ? [...]
[...] Tel est le cas des cultures primitives. Par ailleurs, il soutient qu'aucune culture n'est parfaite : chacune réalise une sorte de compromis entre les forces créatrices et les forces destructrices qui sont présentes chez les hommes ; à ce titre elles paraissent bien toutes se valoir. Et il est vrai que si on se place de l'intérieur d'une culture(ce qui caractérise l'approche ethnologique), on comprend qu'elle réalise une sorte d'harmonie entre toutes les forces-souvent contraires- qui la constituent. Mais ce point de vue interne à chaque culture est-il suffisant ? [...]
[...] Et puis il y a des cultures inférieures qui ne participent pas ou qui ne participent plus à ce progrès de la raison. Cette réponse proposée par Hegel n'est pourtant pas satisfaisante car il semble aller de soi, pour Hegel, que la raison progresse au cours de l'histoire, ce qui n'est pas du tout sûr : il ne faut pas confondre le progrès des sciences et des techniques (qui est incontestable) et le progrès général de la raison humaine et, par là, de l'humanité : on peut craindre que Hegel ait pris comme modèle de référence pour juger les autres cultures, les sociétés européennes, ce qui fait tomber son point de vue dans l'ethnocentrisme ; 2)Hegel a tendance à confondre les cultures supérieures et les cultures dominantes, or il n'est pas dit qu'une culture dominante soit nécessairement une culture supérieure et inversement. [...]
[...] Mais derrière ce rayonnement culturel que se cache-t-il ? La capacité qu'a la culture qui rayonne de proposer au monde non seulement un art de vivre qui lui est particulier mais aussi un message qui a réellement une valeur universelle (l'humanisme pour l'Italie de la Renaissance, les Lumières pour la France du XVIIIe siècle). En ce sens toutes les cultures ne se valent pas : il y a des cultures qui sont davantage fermées sur elles-mêmes (et qui pratiquent d'ailleurs, dans leur art de vivre, le culte de la fermeture) et il y a des cultures qui sont davantage ouvertes et qui s'efforcent à la fois de connaître les autres cultures (par l'ethnologie ) et de proposer à toutes des valeurs qui puissent être partagées sans chercher pour autant à les dominer. [...]
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