La prise de conscience ne se fait pas toujours dans la joie et l'on peut parfois la vivre comme une épreuve douloureuse. En effet, le savoir auquel nous confronte la prise de conscience semble mettre un terme brutal à une somme d'illusions bienfaisantes ainsi qu'à une forme de liberté consistant à croire ou à se comporter comme il nous plaît.
En même temps on ne peut que s'interroger sur la valeur de l'inconscience et du sentiment de liberté qu'elle procure car il semble bien que ce soit une valeur trompeuse. N'est-ce pas plutôt la prise de conscience qui nous libère et en réalité l'inconscience qui nous enchaîne ? Mais alors le problème revient à comprendre comment la liberté est à l'oeuvre dans toute prise de conscience et à quelles conditions (...)
[...] Platon montre également que le "prisonnier" de la Caverne est au fond prisonnier de ses ombres, lesquelles lui montrent un monde tronqué, réduit, et l'empêchent de saisir la vérité profonde des choses symbolisées par le Soleil. Transition Il nous faut donc bienadmettre que l'inconscience n'offre pas une vrai liberté. Seule la prise de conscience peut alors nous libérer de cette illusion. Mais comment ? III. Conditions pour que tout prise de conscience soit effectivement libératrice 1. La prise de conscience doit permettre la connaissance unificatrice de soi La prise de conscience ne signifie pas "renoncer à sa sujectivité pour s'imposer un point de vue cruel sur soi-même". [...]
[...] Toute prise de conscience serait plutôt aliénante par rapport à l'inconscience 1. La prise de conscience nous impose l'objectivité envers nous-même Il convient tout d'abord de comprendre ce qui caractérise la prise de conscience par rapport à la simple conscience. Autant la conscience (de soi) peut être marquée par la sujectivité (du sujet lui-même), autant la prise de conscience implique un retour réflexif de la conscience sur elle- même, l'arrachant à la sujectivité pour la rendre plus objective. Le sujet doit donc en quelque sorte sortir de lui-même, de son propre point de vue, pour s'imposer un point de vue plus extérieur sur lui-même. [...]
[...] Or ce passage ne peut semble-t-il que se vivre dans l'épreuve et la difficulté, puisque forcment nous devons renoncer à ce qui, au fond, satisfaisait un désir. Comme le suggère l'allégorie de la Caverne de Platon, la prise de conscience peut nous aveugler par la souffrance qu'elle engendre. C'est donc bien qu'elle nous prive d'un état que nous lui préférons et qui est une façon de penser en toute liberté : penser le monde et les choses comme il nous plaît, selon nos opinions, sans s'imposer un travail de réflexion. [...]
[...] Il voit enfin le "ciel des Idées", c'est-à-dire l'ordre même du monde ; il comprend cet ordre comme étant l'oeuvre d'une raison et peut ainsi ne plus craindre d'être soumis au hasard des choses. Conclusion Si nous avons pu croire que la prise de conscience entravait la liberté par ses exigences, il est apparu que, sans prise de conscience, l'homme se maintenait figé dans une inconscience asservissante. La prise de conscience doit être donc comprise comme le moyen permettant de sortir de cette fausse liberté, à condition qu'elle soit constructive et épanouissante pour le sujet lui-même. [...]
[...] Même si prendre conscience de ce que l'on est réellement implique l'effort d'accepter ce qui nous déplaît en nous, cet effort doit rester une épreuve positive et constructive. "Faire" prendre conscience en imposant une souffrance trop brutale ne permettrait pas au sujet de se libérer de quoi que ce soit La prise de conscience doit être une responsabilité autonome De même, croire que la responsabilité à laquelle nous engage la prise de conscience est aliénante serait une erreur. C'est au contraire la responsabilité qui est une source de liberté, en nous permettant d'agir en tant que sujet autonome, animé d'une volonté et capable de maîtriser la réalité, de revendiquer et d'assumer de vrais choix. [...]
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